Le remaniement ministériel attendu depuis des mois a enfin eu lieu. Seuls trois ministres et un secrétaire d'Etat quittent le gouvernement de Ahmed Ouyahia qui a, lui, conservé son poste de Premier ministre et l'essentiel de son équipe gouvernementale. Même si le départ de M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, était prévisible, il n'en demeure pas moins qu'il est, de loin, le plus important et le plus significatif. Le départ de M. Khelil d'un point de vue économique mais aussi pour les partenaires étrangers, est important à plus d'un titre. L'inamovible ministre de l'Energie et des Mines a fini par céder sa place et quitter un poste qu'il occupait depuis l'avènement du président Bouteflika au pouvoir en avril 1999. Poussé vers la porte par les scandales qui ont éclaboussé la plus importante compagnie nationale, à savoir la Sonatrach, M. Khelil ne pouvait que faire les frais de sa gestion hasardeuse d'un secteur qui nécessitait la plus grande des attentions. La direction du prestigieux groupe national a été décapitée. Plusieurs cadres dirigeants, dont le P-DG Mohamed Meziane et trois vice-présidents, impliqués dans des affaires de présumées malversations concernant des marchés de gré à gré, avaient alors été inculpés. L'organisation hasardeuse du GNL16 a été le prétexte de trop révélant les carences d'un ministère qui ne maîtrisait plus ses missions. Le nouvel arrivant, un ancien locataire du ministère, a, d'ores et déjà, la mission de remettre de l'ordre et de rétablir la stabilité dans un secteur qui ne constitue pas moins que la colonne vertébrale de l'économie nationale. Une économie qui reste pitoyablement dépendante des hydrocarbures. Autre échec des politiques engagées qui trouve toute son ampleur dans le très anarchique secteur du commerce : l'inflation disproportionnée, l'échec de la politique des prix, la prépondérance de l'informel, le mauvais approvisionnement du marché et la spéculation tentaculaire sont autant de raisons qui peuvent justifier le limogeage de El Hachemi Djaaboub de son ministère. Se greffe sur ces échecs internes celui des négociations avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC) que l'équipe de M. Djaboub n'a pas su driver. Après l'échec de ses accords d'association avec l'Union européenne (UE), l'Algérie s'est retrouvée le dos au mur dans ses négociations avec l'OMC. Le département de M. Djaaboub n'a pas su slalomer ni se montrer assez persuasif, notamment en ce qui concerne la double tarification du gaz, pour sortir ces négociations de l'impasse. L'autre secteur qui semble échapper à toute maîtrise actuellement n'est autre que le secteur des télécommunications. Le retard enregistré dans la démocratisation des TIC, la cacophonie dans la direction de l'opérateur historique Mobilis mais surtout la mauvaise gestion de la communication sur l'affaire de Djezzy peuvent constituer les raisons de la disgrâce de M. Hamid Bessalah. Pour sa défense, il convient de souligner que ce dernier n'a pas eu réellement le temps de prendre en main son secteur. Il n'a été à la tête des télécommunications en pleine reconfiguration que quelques petits mois. Enfin, il faut relever le départ du secrétaire d'Etat à la Communication, M. Mihoub Mihoubi. Ce dernier qui était rattaché au premier ministère a tenté d'instaurer un dialogue avec les acteurs de son secteur, sans néanmoins parvenir à dessiner l'ébauche de la nouvelle loi sur l'information. Pour le reste de l'équipe gouvernementale, quand les ministres n'ont pas conservé leur portefeuille ministériel, c'est à un réel jeu de chaises musicales qu'ils se sont adonnés. L'autre point d'interrogation de ce timide remaniement est, notons-le, le maintien de certains ministres dont les secteurs sont éclaboussés par des affaires de malversations et de corruptions, allant jusqu'à traîner certains en justice. Un maintien qui ne peut trouver d'autres explications que la confiance dont ils bénéficient toujours auprès de celui qui les a placés à leur poste. G. H.