Comme attendu, Naoto Kan, ancien ministre des Finances dans le gouvernement de Yukio Hatoyama, le désormais ex-Premier ministre démissionnaire après moins d'une année au pouvoir, a été porté à la tête du gouvernement après son élection par chacune des deux chambres du Parlement japonais. Il devient ainsi le nouveau Premier ministre du Japon. Dans son discours d'investiture, il s'est posé en rassembleur et a exprimé son désir de relancer le Parti démocrate japonais (PDJ) dans la perspective des élections sénatoriales de juillet. «Avec vous tous, j'aimerais d'abord arrêter des positions fermes ou des plans de reconstruction du Japon avant les élections sénatoriales», a-t-il déclaré devant les représentants du PDJ. Se voulant rassurant pour les militants de son parti qui appréhendent les sénatoriales de juillet prochain, il dira que «la priorité est de revitaliser le pays et d'avoir un parti dont tous les membres peuvent se lever ensemble et proclamer avec confiance ‘‘on peut le faire'', a déclaré M. Kan, au pouvoir depuis sa victoire aux législatives d'août 2009. «Au cours des 20 dernières années, l'économie japonaise est restée au point mort», a-t-il poursuivi. «La croissance s'est arrêtée. Les jeunes ne trouvent pas de travail. Ce n'est pas un phénomène naturel. C'est la faute de politiques erronées», a-t-il encore dit. A 63 ans, Naoto Kan, homme au caractère peu conciliant, cofondateur avec Yukio Hatoyama du PDJ, a consacré sa vie à la politique. Ancien activiste de gauche, il a passé sa jeunesse à militer auprès d'associations de citoyens et est entré en politique par le biais du militantisme. Son premier mandat électif date de 1980 sous l'étiquette d'un micro-parti, dissident du Parti socialiste japonais. Son fief électoral dans la banlieue de Tokyo est aussi son plus fidèle supporter. Constamment réélu dans sa circonscription, il entretient dans cette zone des relais politiques stables à travers des organisations de citoyens militant pour un meilleur cadre de vie. Bête noire des bureaucrates qui ont, selon lui, «confisqué le pouvoir qu'il convient de rendre au peuple», Naoto Kan jouit d'une forte popularité que différentes affaires n'ont guère émoussée. Cette renommée, il l'a acquise dans les années 1990 où, dépositaire pendant peu de temps du portefeuille de la santé dans le premier gouvernement Hashimoto, il a fait admettre, contre l'avis de son administration, la responsabilité de l'Etat japonais dans une affaire de sang contaminé. A partir de 1996, sa route rejoint celle de Yukio Hatoyama. Il est par deux fois président du PDJ et deux fois chassé de ce poste. En 2006, il en devient l'un des présidents délégués. L'an dernier, il devient vice-Premier ministre, chargé d'animer le bureau de la stratégie nationale. En janvier, la démission du ministre des Finances l'oblige à reprendre ce portefeuille où il prône la rigueur budgétaire, bien loin de l'activiste des premiers jours. Le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama et son gouvernement avaient remis leur lettre de démission, peu avant l'élection du nouveau chef de gouvernement. G. H.