En maintenant le pied sur l'accélérateur, les automobilistes ne donnent pas seulement l'impression de narguer l'autorité publique mais font littéralement dans l'arrogance parce que convaincus de leur impunité. Est-ce à dire que, dans l'hécatombe sur les routes, les pouvoirs publics ou leurs représentants détiennent une part de responsabilité ? Certainement et les raisons en sont nombreuses. Tout d'abord, est-il besoin de souligner l'absence d'exécution effective et authentique, autrement dit sur le terrain, de l'arsenal réglementaire mis en place depuis mars 2006 pour juguler l'évolution exponentielle des drames de la route même si les représentants des pouvoirs publics ont plus réfléchi en termes de coût pour le Trésor public qu'au regard de la préservation de l'intégrité physique de l'automobiliste ou de sa (ses) victime (s). Pourtant, si l'automobiliste, parce qu'essentiellement impliqué, est en partie responsable de cette hécatombe, il n'en demeure pas moins que la passivité des organes étatiques détenteurs de la force répressive et coercitive ont également leur part de responsabilité dans un drame national quotidien parce que, dans leur quasi-majorité, les organes sus-évoqués ne jouent pas le jeu. Si, en théorie, les textes existent et semblent répondre à tous les cas de figure, la déconcertante permissivité des éléments de police chargés de la route face aux dépassements flagrants des règles de conduite des «Mad Max» locaux ne peut que conforter ces derniers à mettre en péril leur vie mais surtout celle des autres. Des scènes quotidiennes de véhicules particuliers rendus souvent hybrides par l'usage dont il est fait… transport de matériaux, attelage non conforme, cortèges nuptiaux interminables et roulant soit à la vitesse d'un convoi funèbre, soit à tombeau ouvert et, dans les deux cas, mettant en danger la vie d'autrui, des bus surchargés, des poids lourds qui déambulent allègrement en milieu urbain malgré toutes les interdictions possibles et sous le regard goguenard d'agents de la circulation, la présence de quads et mini-motos montés parfois par des gosses qui ne disposent pas, d'une part, d'une licence et, d'autre part, ne prennent même pas la peine de se protéger (port du casque). Les chantiers et autres travaux en milieu urbain, sur les routes à grande circulation sont rarement précédés d'une information à l'intention d'usagers généralement pris au dépourvu et souvent à l'origine de graves accidents. Tout comme la multiplication d'interdictions nouvelles telles que celles relatives à l'arrêt, le stationnement, la déviation, le sens interdit, rarement sinon jamais précédées d'information alors qu'une quelconque modification au plan de circulation exige la publication d'un arrêté officiel porté par anticipation à la connaissance de la population. La sanction d'un contrevenant est souvent tributaire de l'attitude de celui qui en détient le pouvoir en ce sens qu'elle est modulable selon son humeur du moment ou la capacité de persuasion de celui qui a commis la faute. En fait, d'un point de vue global, la circulation routière et les conséquences qui découlent du respect ou du non-respect des règles la régissant a atteint un tel anachronisme que seul un sursaut général et à tous les niveaux peut re-calibrer. Sinon, des mesures comme l'option d'un permis à points, l'augmentation des prix liés à la formation, la limitation, même si le procédé est arbitraire, de sa délivrance ne régleront en rien le phénomène. Il s'agit d'une question de culture et de civisme avant tout. A. L.