Ils sont courtisés et bénéficient de publicités pompeuses relayées gratuitement par «radiotrottoir» qui trouve son compte dans l'ignorance d'une partie des «patients» visés par les pratiques de prédiction et de soins tirés de textes religieux et le désespoir et la crédulité d'une autre partie. Les «guérisseurs» et prédicateurs d'une liste illimitée de maladies souvent chroniques et lourdes et de situations individuelles et sociales en crise proposent, à domicile ou sur les places publiques, leurs potions magiques faites de mélanges de tout et de rien et leurs redondances quant à leurs pouvoirs supposés inouïs sur le mal. Se faisant passer pour des personnes hors du commun «habitées» par des créatures divines, djins, ils exercent dans des «cabinets» domiciliés dans des cités ou traînent leur mobilier (tapis, pots, papiers…) dans les endroits qui garantissent une meilleure affluence, tels les marchés hebdomadaires et les abords de gares routières. Un véritable système de médecine parallèle qui tournerait avec des «budgets» énormes, à voir les listes d'attente des «malades», les salles et couloirs pleines de personnes de diverses couches et de plusieurs niveaux intellectuels. Il est facile de déduire qu'ils gagnent beaucoup plus peut-être que la plupart des médecins et de spécialistes, surtout ceux payés sur la base la grille des salaires du secteur public en Algérie. Toutes les maladies dont les remèdes et traitements reconnus demeurent au stade de la recherche scientifique et toutes les souffrances psychologiques y passent : le diabète, l'hypertension artérielle, la sclérose en plaques (SEP), le rhumatisme, les tumeurs malignes, la stérilité, les colopathies, les ulcères, l'insuffisance rénale, le mariage, les conflits conjugaux, les fugues d'enfants et d'adolescents, l'hémicrânie, la pauvreté, etc. Et ils ne s'en cachent pas : dans les marchés hebdomadaires, les guérisseurs n'omettent pas de mettre le volume de leurs mégaphones au maximum pour attirer une foule de curieux qui est par la suite séduite et domptée par des tournures et des mots sur les bienfaits rapides et prétendus prouvés et testés sur d'autres personnes atteintes de mêmes troubles que se propose de soigner le guérisseur du jour. Les femmes guérisseuses, elles, se font plus discrètes peut-être que leurs collègues hommes et optent pour des pièces plus moins meublées d'appartements dans des cités populaires et les villages où elles accueillent et «soignent» les «malades» à l'abri des regards. Au moment où des centaines, peut-être des milliers de médecins chôment ou bien ont pris la direction de l'exil pour vivre de leur savoir acquis après des années d'études. Les «ordonnances» et les traitements délivrés sur place par les guérisseurs et les prédicateurs qui agissent dans l'impunité sont parfois porteurs de dangers pour la santé. Pis, on a rarement entendu les autorités déléguées réagir pour réprimer ces pratiques dont les auteurs ont des «états de service» des plus populaires et parfois des plus «contestés» au sein des riverains et des personnes ayant fait la mauvaise expérience de les «consulter» plusieurs fois dans leur vie. Dans ce sens, un responsable de l'ordre national des médecins avait dénoncé il y a quelque temps la prolifération des «boutiques» de roqia et de hidjama dans le pays sous le couvert de certaines institutions publiques. «Ces charlatans algériens ou venus d'ailleurs osent même passer des placards publicitaires dans les journaux ou à travers des prospectus pour proposer une panoplie de produits dits salvateurs ou des potions magiques à leurs victimes, dans la majorité des pauvres incrédules n'ayant pas trouvé de réponse à leur maladie dans les hôpitaux et les structures sanitaires», avait déclaré à la presse la même source. A ce sujet, il est édifiant de se rappeler qu'un médecin avait troqué son statut et son CV pour celui de «raqui» dans son cabinet à Alger, selon des articles récents publiés dans la presse. Le médecin avait même réussi à faire condamner le journaliste auteur de l'écrit.