Le consommateur algérien fait toujours les frais de la spéculation et des pratiques commerciales illicites. Au cours de ces dernières années, les associations activant dans ce domaine montent régulièrement au créneau pour dénoncer cette situation extrêmement préjudiciable aux petites bourses. La qualité parfois douteuse des produits mis en vente, et surtout la hausse constante des prix affichés sur les rayons des magasins et des marchés populaires, motivent les requêtes des protestataires qui crient invariablement à l'arnaque. Faute de prise en charge satisfaisante de ce problème, les syndicats et les représentants des travailleurs se sont saisis de la question pour en faire un argument à la revalorisation permanente des salaires. Toutes les corporations de la fonction publique ont, à un moment ou un autre, appelé à des grèves générales de plusieurs jours –voire de plusieurs mois- pour exiger des traitements mensuels qui seraient en rapport avec cette flambée perpétuelle des prix de l'alimentaire. Même au sein des entreprises économiques privées, des mouvements sociaux similaires ont été par ailleurs enregistrés. Le gouvernement, tout en reconnaissant à chaque fois la dérégulation chronique du marché des vivres, se contente généralement de demi-mesures pour clamer temporairement la situation. La recette consiste à favoriser l'importation pour absorber conjoncturellement la pénurie d'une denrée quelconque, mais sans s'inscrire dans une véritable stabilisation «des cours» à moyen et long terme. Cet état de grâce artificiel ne dure naturellement que le temps d'une opération avant que les gros bonnets ne se remettent à saigner la ménagère. C'est habituellement à l'approche des fêtes, de la saison estivale et du mois sacré de Ramadhan que la tension monte au maximum sur les étals. Les pouvoirs publics ont adopté récemment une série de textes dissuasifs pour mettre un peu d'ordre dans le secteur. Le nouveau dispositif réglementaire, qui sera prochainement proposé au Parlement, compte renforcer les attributions de l'Etat en matière de stabilisation des prix et de lutte contre les pratiques spéculatives. L'enjeu consiste à garantir la transparence et la traçabilité des prix et des marges bénéficiaires pratiquées à travers la mise en place des mécanismes et des outils d'analyse des coûts en amont et en aval. Les attributions accordées dans ce registre aux agents de contrôle de la concurrence et des prix, et les sanctions prévues pour les contrevenants marquent un tournant décisif dans ce dossier. Les «faiseurs de pénuries» sont d'ores et déjà prévenus : les peines oscillent entre de lourdes amendes pouvant atteindre 10 millions de dinars et le retrait pur et simple du registre du commerce. Les défauts de facturation –aujourd'hui monnaie courante- seront aussi sévèrement punis. Cette manière forte de faire est bien évidemment la bienvenue dans la mesure où elle conforte la confiance du simple citoyen concernant la capacité et la détermination de l'Etat à protéger ses intérêts vitaux. Il faut toutefois penser à conforter davantage les services concernés en moyens humains et matériels pour relever réellement ce défi. On n'est pas sans savoir à ce sujet que les directions de la concurrence et des prix (DCP), chargées de l'application de ce nouveau dispositif, souffrent d'un manque d'effectifs et d'un déficit en matière de véhicules de service et autres commodités de même nature pour marquer plus régulièrement leur présence sur la scène commerciale. Il s'agit-là d'un préalable incontournable qui conditionne la réussite ou l'échec de cette nouvelle loi. K. A.