L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a publié en France un rapport sur l'impact du bisphénol A (BPA) sur la reproduction humaine. Alors qu'il est nocif chez l'animal, «aucune étude ne démontre à ce jour les risques chez l'homme», souligne l'Institut. L'expertise menée par l'INSERM sur les effets du BPA chez l'homme ne produit aucune conclusion définitive. On ne sait pas bien quels sont les effets du BPA mais on soupçonne fortement qu'il pourrait avoir des effets toxiques. Les travaux réalisés dans ce domaine «ne permettent pas à l'heure actuelle d'avoir des certitudes sur la toxicité du BPA». Mais l'INSERM demande toutefois «davantage de recherche scientifique» et, faisant valoir le principe de précaution, appelle «à la prudence des autorités publiques».Présent dans un grand nombre d'objets courants tels que les biberons, les bouteilles en plastique, les lunettes et les CD, le composé chimique de synthèse employé dans la fabrication industrielle de nombreux plastiques est néanmoins classé en tant que substance reprotoxique de catégorie 3, soit «préoccupante pour la fertilité de l'espèce humaine». L'INSERM note que, s'ils sont encore insuffisants, les travaux constituent néanmoins des signaux d'alerte pour les pouvoirs publics et les agences sanitaires. Le BPA est interdit au Canada. Pour une meilleure compréhension des risques, l'Express a fait un tour d'horizon à partir de 4 questions. A quelles quantités sommes-nous exposés ? Le danger de cette substance vient du fait qu'elle peut être «relarguée» dans l'organisme humain, par un simple passage dans les boissons contenues dans les bouteilles et les biberons. Or, plus de 1 million de tonnes de BPA sont utilisées chaque année en Europe (2006, dernières statistiques disponibles). Selon les agences sanitaires internationales, la dose journalière maximale admissible est de 50 µg de BPA par kilo de poids corporel. Par ailleurs, d'après l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AfSSA), l'exposition des nourrissons due aux biberons et à l'emballage de lait se situerait entre 0,2 et 2 µg de BPA par kilo de poids corporel et par jour. Un chiffre à nuancer, dans la mesure où 90% des Européens ont du BPA dans le sang, l'urine et le lait maternel. En outre, une étude allemande montre que, chez les 3-5 ans, le taux urinaire moyen est de 3,5µg. Y a-t-il des études sur l'animal ? La plupart des travaux ont porté sur des rats et des souris. Ils montrent, chez les femelles, des risques de puberté précoce et des altérations du vagin et des ovaires. Et chez le mâle, des effets sur l'appareil génital et sur la fertilité (diminution de la taille des portées). Enfin, la période fœtale constitue «une période critique autour de laquelle une exposition au BPA pourrait favoriser l'apparition de lésions précancéreuses», note l'expertise de l'INSERM. Quels sont les effets sur l'être humain ? Il n'existe que très peu d'études fiables sur le sujet. Tout au plus peut-on mentionner une enquête menée en Chine chez des travailleurs fabriquant des produits à base de BPA et qui montrait des troubles de la fonction sexuelle. Que peut-on en conclure ? C'est l'éternel débat du verre à moitié plein ou à moitié vide, ou celui autour des faibles doses au long cours. Comme l'écrit l'INSERM, «l'absence de preuve de risques ne signifie pas l'absence de risques». Et ce, d'autant plus qu'il faudra encore de longues années avant, peut-être, d'avoir une certitude et un taux de risque précis.