De notre envoyé spécial à Johannesburg Amirouche Yazid 1 700 Kilomètres séparent l'Algérie et l'Afrique du Sud. L'histoire a néanmoins réduit les écarts de la géographie. L'ambiance qui a marqué le premier vol de supporters algériens à destination de South Africa en est la parfaite illustration. Le motif du déplacement a fait manifestement les frais d'une intimité à distance. Même quand le tableau d'affichage de l'appareil indique que nous sommes au-dessus de Yaoundé, il n'y avait pas de place pour Samuel Eto'o et les Lions indomptables. Neuf heures de vol et il n'y avait pas beaucoup de place pour le football. Les quelque trois cents personnes qui ont effectué le voyage dans le A330 de la compagnie Air Algérie attendaient impatiemment le moment de fouler le sol de la première puissance économique qui s'apprête à vivre l'événement le plus médiatisé de la planète. De 16h30, moment du départ à l'aéroport Houari Boumediene au rythme de «One, two, three, viva l'Algérie», jusqu'à 2h 15, heure sud-africaines, c'est le diktat des interrogations, de questionnements et de doute. Les Algériens semblent aller découvrir un pays qu'ils aiment tant sans jamais y être un jour.Un pays que beaucoup ne verront pas une seconde fois. On ne s'aventure pas dans un travel de milliers de kilomètres sans la magie du football et l'amour pour les couleurs nationales. Vivre un Mondial de football tout près de la sélection de son pays, et de surcroît dans le pays de Mandela, cela ne laisse personne insensible. «Je ne pouvais pas rater une aventure. Les dernières tracasseries pour avoir le visa et le billet d'avoir ont rendu sombres mes nuits. Aujourd'hui, je suis content de prendre une destination si merveilleuse et si symbolique pour nous, Algériens», témoigne un infirmier membre de l'équipe médicale qui accompagne les supporters algériens dans cette expérience qui leur tient à cœur. Yacine, un jeune d' Oum El Bouaghi qui se sait «faible» pour les voyages, ne veut rien entendre des précautions et des conseils d'expérimentés. Au bout de la troisième heure de vol, il n'arrive plus à suivre le rythme. Il se plonge dans un sommeil de dépit en attendant des instants meilleurs. Vêtu du maillot des Verts «labellisé» M. Lacen, Yacine doit aussi faire face aux taquineries de ses copains. Il n'a dû son salut qu'au «bain de foule aérien» improvisé par le minsitre de la jeunesse et des sports, El Hachemi Djiar, qui a fait partie du premier voyage. Le ministre cédera par la suite le couloir aux fonctionnaires de l'office national du tourisme en procédant aux ultimes opérations de recensement des voyageurs. Le périmètre des techniciens a été, lui aussi, bien étoffé. Les anciens internationaux Said Ouchene, Mokhtar Khalem, Mustapha Meksi et d'autres comme El Hadi Bentorki et Akli Nacereddine abordent plutôt les questions relatives au football, à la sélection nationale et à ses adversaires. Décontractées et sereines, les anciennes figures du football algérien se rappellent avec beaucoup de plaisir les plus beaux moments passés dans les stades du pays. L'ex-joueur de l'ASO, Mustapha Meksi, toujours alerte dans ses mouvements, trouve formidable le comportement des supporters algériens. «Je ne crois pas qu'il existe des supporters qui chantent et crient après un périple d'environ 10 heures. Franchement, j'en connais peu. Ils sont exceptionnels», dit-il à notre arrivée a l'aéroport de Johannesburg qui perdra son calme pour laisser place à l'ambiance des Verts chaleureusement accueillis par les sud-africains employés à l'aéroport. Ces derniers lancent leur message invitant les supporters africains à soutenir les six sélections du continent. Une fois dans la capitale de la nation arc-en-ciel, les Algériens commençaient à préparer leur plan pour assister au premier match des Verts prévu dimanche à Polokwan contre la Slovénie avec tout ce que cela comporte comme déplacement, dépenses et froid nocturne. Les supporters se disent unanimement prêts à tenir leur rôle même au prix d'un safari usant et éreintant. La preuve est signée en Afrique du Sud.