Synthèse de Hassan Gherab Après avoir, deux ans durant, animé des scènes à travers le monde dans une tournée triomphale qui les a menés de Londres à Shanghai, en passant par Paris, New York, Séoul, Berlin, Amsterdam, Sydney, Toronto, Madrid, et Moscou, les 32 artistes africains d'Africa Umoja -qui veut dire «l'esprit d'unité, vivre ensemble» en zoulou- reviennent au pays avec cette comédie musicale, un des spectacles programmés à Johannesburg pour l'ouverture de la Coupe du monde de football. Les 32 musiciens, chanteurs, danseurs et comédiens, racontent, dans une explosion de couleurs et de musiques, l'histoire passionnée et passionnante de l'Afrique du Sud et de l'apartheid à travers un voyage musical épatant et plein d'émotions qui vous aspire dans un tourbillon d'énergie. L'épopée retrace l'histoire de ce pays en une succession de tableaux : la vie sauvage, la mine, l'arrivée des Blancs, le jazz, Mandela, les bars, les villes, les ghettos. Les artistes entraînent le public dans un passé empreint de culture et de traditions, de luttes, de rires et de larmes. Umoja est un véritable tableau vivant, où les chants se mêlent à des chorégraphies endiablées, où le gospel répond aux notes suaves de jazz. Les rythmes zoulous envoûtants donnent la réplique aux gumboots chauds. Le jazz enivrant, la beauté des chants a capella et la magie du gospel emportent le spectateur et le font vibrer d'émotion avant de le plonger dans la fièvre des nouvelles musiques et nouvelles danses, kwaito et pantsula, nées dans les ghettos d'Afrique du Sud. Présenté pour la première fois à Londres, en 2001, où il restera deux ans à l'affiche, Africa Umoja s'est immédiatement imposé comme le spectacle musical sud-africain de référence. Aujourd'hui, partout dans le monde, il se joue à guichets fermés. Il est encensé par la presse et applaudi par les publics qui, souvent, le saluent avec des standing ovations. Le spectacle a conquis plus de 30 000 spectateurs, en décembre dernier, à Paris. Africa Umoja a été créé par Todd Twala et Thembi Nyandeni. Todd Twala a grandi à Soweto, une banlieue extrêmement pauvre de Johannesburg, sans eau courante ni électricité. Elle rencontre Thembi Nyandeni pour la première fois à l'école primaire de Soweto et elles deviennent immédiatement amies. Bien que la vie les ait séparées, elles mènent toutes deux, sans le savoir, des carrières artistiques parallèles, en se produisant comme danseuses et chanteuses dans différents shows. En plein apartheid, la loi sud-africaine empêchait les artistes noirs de se produire dans des spectacles pour Blancs mais, au début des années 1970, ces restrictions sont levées. C'est ainsi qu'un certain nombre de productions noires «tribales» voient le jour. C'est le cas notamment d'Ipi ntombi. Les deux femmes se retrouvent par hasard au casting de ce show qui triomphe alors un peu partout dans le monde. C'est au cours des longues tournées que les deux artistes commencent à imaginer des chorégraphies de ce qui pourrait être leur propre spectacle. Africa Umoja se dessine en pointillé. Après le succès international d'Ipi ntombi, Todd Twala et Thembi Nyandeni reviennent en Afrique du Sud et créent le spectacle Pals of Africa, en 1982, qui devient un grand succès dans le pays tout entier, jusqu'au Swaziland voisin. Les deux femmes rêvent désormais de se produire en dehors des frontières de leur pays. Elles décident alors de faire évoluer leur spectacle, en investissant dans de nouveaux costumes et en recrutant une vraie troupe. Le spectacle se produit alors à l'international et change de nom pour devenir Baobab qui sera donné en 2000 pour accueillir le président de la Chine en visite en Afrique du Sud. En 2001, le spectacle change à nouveau de nom pour s'appeler définitivement Africa Umoja. Le spectacle remporte en Afrique du Sud cette année-là les deux prix First national bank Vita Award pour la meilleure production musicale et le meilleur spectacle. Le spectacle apparaît aux Sowetan 2000 Awards et, après une tournée triomphale en Afrique du Sud, la première en Europe a lieu au théâtre Shaftesbury de Londres le 12 novembre 2001. Il reste à l'affiche pendant deux ans au West End de Londres. Un véritable plébiscite ! Pendant ce temps, deux troupes supplémentaires sont formées pour satisfaire les demandes internationales. A l'heure actuelle, Africa Umoja s'est produit dans plus de 25 pays et devant plus de 3,5 millions de spectateurs. En recrutant dans les townships, Todd Twala et Thembi Nyandeni souhaitent donner un peu de rêve aux jeunes défavorisés en leur offrant une alternative artistique à la misère et à la violence. Le rythme dans la peau, la danse et le chant dans le sang, tels sont les 32 artistes d'Africa Umoja. Leur passion et leur incroyable énergie sont transmises sur scène et mises au service de leur rêve. Pour tous, ce spectacle est la chance de leur vie, ce qui a définitivement changé le cours de leur existence.