De notre correspondant à Constantine Nacer Hannachi La capitale de l'Est parle football. Le Mondial s'y installe via les chaînes satellitaires. Chacun se transforme -chose courante partout ailleurs- en (pseudo) technicien, manager ou consultant durant cette compétition de titans. Les citoyens s'arrachent les débats et la couleur verte prédomine. L'ouverture de la compétition vendredi dernier aura donné un peu d'espoir à la population locale quant au devenir du onze national. Il faut bien trouver une proie pour dissimuler ses faiblesses. La rencontre entre la France et l'Uruguay donne d'ores et déjà aux fans locaux une assurance. «Vu ce niveau affiché par les Français et les Latinos, il y a de quoi nourrir de l'espoir», déclare un fervent supporter constantinois, et d'ajouter : «Si seulement Saadane pouvait apporter une configuration adéquate pour contrer les Slovènes.» Ainsi, les commentaires vont bon train à Cirta à quelques heures du match. D'un côté, le fait que le coup de sifflet retentit un jour de travail affecterait quelque part les fonctionnaires, notamment les férus du sport roi. Mais de l'autre, l'horaire du match fixé à midi trente allègerait quelque peu les esprits car on peut bien «grignoter» quelques minutes supplémentaires en établissements dépourvus de petits écrans. «Je ne manquerai pas la rencontre du jour entre l'Algérie et la Slovénie, quitte à me faire congédier par le responsable», affirmait un cadre d'entreprise publique. C'est l'odeur du foot mondial qui plane depuis à Constantine. Les derniers agencements ont été apportés aux lieux où sera retransmis l'événement sur écrans à plasma et autres supports via la chaîne satellitaire. L'emblème national est déployé dans les artères principales de la cité. Cafés, magasins… tous se sont dotés de téléviseurs pour soutenir les Verts. Les officines aussi. L'aura du Mondial est partout où l'on s'est rendu dans la journée d'hier. A Constantine, il est même des entreprises publiques qui auraient opté… en sourdine pour un «demi-pont» afin que les travailleurs demeurent plongés entièrement dans la rencontre inaugurale de l'équipe nationale d'Algérie. Il semblerait bien qu'un compromis ait été trouvé par le truchement des syndicats qui revendiquent juste un téléviseur pour ne pas rater cette partie que tout un pays attend depuis 25 ans ! A titre d'exemple, le responsable d'un organisme public situé au centre-ville, entend mettre un écran à la disposition des travailleurs. «La rencontre débute à midi trente. Déjà rares sont les travailleurs qui se trouvent en poste en temps normal. Que dire alors lorsqu'un événement d'une telle dimension et de surcroît en rapport direct avec les couleurs nationales», déclare un agent qui, comme des milliers de travailleurs, suivra le match quelles que soient les «représailles» administratives. Si, du côté du secteur privé, le problème ne se pose pas, il n'en demeure pas moins que, dans le secteur public, la plupart des gestionnaires sont confrontés à un casse-tête dès lors qu'on ne peut doter tous les établissements de TV. A l'image de la direction de la petite et moyenne entreprise. «Nous n'avons été destinataires d'aucune correspondance autorisant la libération de l'effectif durant l'horaire de la partie. En outre, le personnel ne m'a pas encore sollicité pour une éventuel espace où pourrait placer un écran», confie le directeur, ajoutant qu'«à mon avis, puisque le match coïncide avec la pause, on pourrait accorder une largesse de trente minutes aux férus du sport roi». Constantine se prépare à la fête et les cadres aussi, prêts à sacrifier… une demi-journée sans salaire. Les couleurs nationales se payent !