De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La station régionale de Constantine a-t-elle tiré sa révérence en matière de production humoristique ? Cela fait belle lurette que les téléspectateurs s'interrogent sur son absence des écrans. Pourtant, le grain d'humour assez thématique caractérisant une partie du quotidien durant le mois sacré prenait naissance dans la capitale de l'Est pour donner, ensuite, l'inspiration à d'autres réalisateurs et scénaristes à l'échelle nationale. Pour ce Ramadhan, il était question de produire au moins deux séries distinctes, l'une réalisée par M. Hazourli et l'autre par M. Choulah. Il n'en fut rien, apprend-on. La grille des programmes a atterri à la station en avril dernier avec la commande, mais le feu vert pour le tournage aurait été donné tardivement, «ce qui a tout simplement compromis l'option. Le temps imparti n'aurait pas suffi pour finaliser le tournage et offrir un produit de bonne facture», a expliqué un technicien. Cette petite entrave ou omission administrative de la part de la centrale aurait, ainsi, écarté la production de la station est. Et comme la nature a horreur du vide, n'importe quel substitut serait le bienvenu pour remplir la grille ramadhanesque proposée durant cette période de jeûne et dont la satisfaction demeure assez divergente dans le milieu. Si l'on exceptait le sitcom Djemaï Family, qui aurait pris le relais de Aïssa Story, ou de Souk el hadj Lakhdar, les autres productions demeurent en deçà de la satisfaction chez la population locale qui, à l'instar du reste des Algériens, trouve son bonheur dans les nombreuses chaînes satellitaires, notamment celles arabes qui diffusent des programmes «soft», qu'on peut regarder en famille. A l'échelle nationale, qui ne se souvient encore des numéros de Assab Wa Awtar du réalisateur Hazourli qui avait mis à profit les ténors du Théâtre régional de Constantine à l'époque pour accoucher de feuilletons divertissants ? Zermani, Yamina, Antar Hellal, Benzerari… pour ne citer que ces comédiens, s'étaient emparés du petit écran pour un bon temps et détendraient les citoyens après le f'tour. Malheureusement, la série ne se perpétuera pas puisque, en 1991, le réservoir d'idées s'est vidé avec la mutation vertigineuse qu'a connue la société constantinoise et algérienne en général. «Changer pour survivre» : ce concept n'a pas été appliqué, ce qui a conduit peu à peu les Awtar à partir sans grand bruit. Il fallait fouiner pour trouver le filon artistique qui traite de l'actualité, en vain. Les muses se sont envolées pour ne plus inspirer les réalisateurs … démissionnaires face à l'audience en baisse. Au demeurant, ces derniers allaient tenter des trouvailles pour réunir les mêmes comédiens afin d'improviser d'autres sketches, mais ce projet ne serait pas en vue actuellement. «Hazourli avait une touche assez spéciale. C'est sa manière de réaliser. Personne d'autre ne pourrait réussir sa série comme il le faisait par ses orientations directes adressées aux artistes en se passant parfois des textes», reconnaît M. Aïssaoui, réalisateur à la chaîne régionale de Constantine qui, à son tour, prendra le relais de la comédie en «innovant» dans les sitcoms. Il mettra en scène la célèbre série Aïssa Story avec Antar Hellal, Hakim Dekkar, Hellilou, et bien d'autres noms. La série allait être sanctionnée par une trentaine d'épisodes diffusés sur la chaîne nationale entre 1993 et 1998. Ce fut la découverte du sitcom. Les textes de Hamid Gouri répondaient jusque-là au vécu de la population. Toutefois, le producteur Aïssaoui a su s'arrêter en temps opportun car, estimera-t-il, «le public était devenu exigeant et on n'avait pas les ressources pour l'honorer par des prestations de haute facture. Il faut savoir s'arrêter et réétudier un éventuel démarrage novateur.» Depuis, c'est la traversée du désert à la station de télévision de Constantine quand il s'agit de réaliser ce type de divertissement. Pourtant, la vague montante de comédiens ne fait pas défaut. De fait, en plus du TRC qui alimente la télé à hauteur de 10%, il existe des cours sur l'art dramatique enseigné au conservatoire Bentobal. «La scène télévisée est presque prometteuse à Constantine avec l'émergence d'un quatuor de comédiens dont Hamoudi Hamza, Mehdi Oubar, Hmames qui cherchent, désormais, un scénario consistant pour jouer dans la cour des grands», avance un réalisateur. Avec un peu d'investigation et de bon sens, la télévision régionale pourrait, ainsi, renaître de ses cendres et multiplier ses productions en adéquation avec les thématiques de l'heure pour appâter autant d'audience.