L'Afrique ne s'est pas montrée à la hauteur du rendez-vous extraordinaire qu'est le premier Mondial organisé sur son sol. C'est, en effet, le moins qu'on puisse dire au regard de la très modeste prestation des équipes africaines, lesquelles n'ont nullement épaté lors de leur premier match. Mis à part le Ghana qui a créé la surprise avec la victoire arrachée de haute lutte contre la redoutable Serbie, les autres écuries africaines n'ont pas laissé une agréable impression à leurs supporters. Manquant de rythme, de vivacité et de fraîcheur, l'Algérie et le Cameroun ont tout simplement raté leur sortie. Pour la première fois de son histoire en Coupe du monde, le Cameroun s'est incliné d'entrée. Une défaite plus que surprenante face à des Japonais, loin d'être de fins techniciens, qui ont garanti l'essentiel. Les Lions indomptables de Paul Le Guen ont été donc domptés par des Japonais solides à défaut d'être séduisants. A vrai dire, les Lions ne sont jamais sortis de leur cage dans leur premier match. Ils ont eu le ballon, laissé logiquement par les Nippons, mais ils n'ont jamais pu ou su en faire quoi que ce soit. Menés pourtant par leur joueur emblématique, Samuel Eto'o, les Camerounais ne parvenaient même pas à prendre de la vitesse ou aller de l'avant. Dès lors, le Japon n'a pas été inquiété avant la 38e minute sur un tir cadré de Webo. Dans la foulée, c'est Honda qui ouvre le score sur un centre de Matsui. Seul au deuxième poteau, l'attaquant du CSKA Moscou a tout le temps d'ajuster Souleymanou, le gardien. Ne réussissant jamais à mettre de la folie dans son premier match, le Cameroun, considéré comme l'une des meilleures équipes africaines, a laissé filer ses trois premiers points. Froids et résistants, les Japonais ont fini par accrocher Webo et ses camarades, incapables de créer l'exploit. A la fin du match, Paul Le Guen n'a pas caché sa déception par «le résultat et la manière». Désormais, il n'a qu'un seul mot d'ordre : «Il faut qu'on se libère, il y a urgence !» Mais face aux brillants Hollandais et aux costauds Danois, le reste du parcours des Camerounais s'apparente à un véritable chemin de croix. Leur élimination dès le premier tour qui se profile à l'horizon risque de nous révéler la première déception africaine de ce Mondial. Fort heureusement, le Ghana est là. Les artistes ghanéens ont tout simplement réussi avec brio leur premier test. En arrachant une victoire précieuse face à la Serbie (1-0) à Pretoria, les Ghanéens ont un pied en huitièmes de finale. Dans leur groupe très relevé, beaucoup le considèrent comme le mini-groupe de la mort, les points valent cher. Et les trois premiers sont encore plus précieux. Plus jeune équipe de la compétition (moins de 25 ans de moyenne d'âge), le Ghana a fait preuve d'une belle solidité. Même l'absence de son milieu de terrain vedette, Michael Essien, forfait pour ce Mondial, n'a pas semblé affecter l'équilibre du dispositif de Milovan Rajevac. Le sélectionneur du Ghana a pesé sans doute sur la belle prestation des Black Stars. Fin tacticien, il a apporté beaucoup de maturité à ses poulains. Résultat : le Ghana n'a pas manqué son entrée en lice dans la compétition, prenant le meilleur sur la Serbie en fin de match (1-0). Annoncés comme outsiders, les Black Stars font donc coup double : un bon départ et une première victoire africaine de ce Mondial. Ainsi, les Black Satellites qui voulaient devenir des Black Stars ont réussi leur pari avec une étonnante maîtrise du jeu ! Incisif et sans complexe devant une formation annoncée comme enquiquinante par plusieurs observateurs, le Ghana a dicté le rythme du match. A présent, tout le monde se pose cette question : et si le Ghana était la belle surprise de cette Coupe du monde ? Pour sa part, le Nigeria, qui a tenté de résister tant bien que mal aux assauts argentins, regorge de promesses. Cela dit, beaucoup de lenteur est à déplorer dans son jeu. L'équipe a brillé par l'absence de cohésion. Ces défaillances risquent de coûter très cher aux Nigérians lors de leur confrontation avec les Sud-Coréens qui ont fait sensation contre la Grèce. Si rien n'est fait pour redresser la barre, le Nigeria pourrait malheureusement reprendre ses valises et entrer à la maison. Un sort que l'Afrique du Sud, organisatrice de la compétition, devra conjurer si elle réussit à battre l'Uruguay dans ce deuxième match. Pourvue de jeunes joueurs talentueux et dirigée par un grand coach, Carlos Alberto Pereira, l'Afrique du Sud a les moyens de ses ambitieux pour aller loin dans cette compétition organisée sur son sol. Reste à voir seulement si elle saura relever réellement le défi comme il se doit… A. S.