Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La contractualisation des soins médicaux, une chimère ou bien une réalité palpable dans les hôpitaux du pays ? C'est la question que se posent les spécialistes du secteur, alors que la mesure prendra effet incessamment, nous dit-on. A Oran, aussi bien dans les hôpitaux qu'au sein des établissements de santé publique (ESP) qui devront attendre encore la mise en application de cette mesure de contractualisation des soins et des frais médicaux. Celle-ci n'est pas pour demain. Il reste beaucoup à faire dans ce cadre pour que le dispositif entre en vigueur et fonctionne dans des conditions favorables. Fait déroutant dans cette situation, le personnel de l'hôpital que nous avons sollicité ne semble pas au courant de quelque mesures que ce soit. «Nous ne sommes pas au courant de cette mesure et je ne pense pas que nous serons prêts pour son application», notera Halima 28 ans, une paramédicale exerçant au CHUO. Quant aux malades, il faut dire que les citoyens auxquels nous avons posé la question et, éventuellement, expliqué la mesure nous ont répondu : «Mais comment allons-nous faire ? Déjà, en temps normal, nous éprouvons toutes les peines du monde à recevoir les soins que nous sollicitons. Avec cette mesure, je crois que notre vie va se compliquer davantage», notera une dame, S.Hamida, 53 ans, cadre dans une entreprise locale. Bien que la wilaya d'Oran ait bénéficié de structures sanitaires d'envergure comme le nouvel hôpital du 1er Novembre, il reste tout de même déconcertant de constater que l'hôpital universitaire d'Oran CHUO, continue de crouler sous le poids des admissions et des prises en charge à l'échelle régionale. Une telle situation ne peut pas contribuer à la mise en place d'une telle mesure, ni à son application rigoureuse et dans de bonnes conditions. Ce que les spécialistes du secteur, notamment les professeurs et autres médecins et chefs de services, reprochent à cette nouvelle réorganisation des soins médicaux en Algérie, «c'est la persistance de zones d'ombre dans ce qui entoure cette loi». En fait, les spécialistes s'interrogent sur «l'absence d'une nomenclature générale définissant les actes professionnels des médecins, pharmaciens, chirurgiens et autres et la nature de la prise en charge et surtout le mode de tarification», s'interroge-t-on dans les milieux des professionnels de la santé. Au niveau de la Direction des affaires sociales DAS qui joue également un rôle important dans le peaufinage de ce dispositif, on reste sceptique. Aucune disposition sociale n'a été prise dans le sens d'une prise en charge des personnes démunies, les personnes aux besoins spécifiques et autres chômeurs. Des catégories sociales vulnérables qui risquent d'être sérieusement sanctionnées dans le cadre de la mise en œuvre de cette loi. «Il nous faut une bonne organisation et une coordination de tous les Services de santé entre eux, d'abord. Ensuite, une coordination entre les autres établissements à caractère social ou autre comme la caisse de Sécurité sociale, la solidarité nationale avec les hôpitaux. Ce qui fait défaut actuellement», notera un responsable au sein de la Direction de la santé et de la population [DSP] de la wilaya d'Oran qui ajoute : «Le médicament générique, qui a une grande place dans ce dispositif, doit être produit de manière conforme et suffisante dans le pays.»