Photo :S. Zoheir Par Samira Imadalou Médicaments, biens alimentaires, véhicules sont de moins en moins importés. Les biens alimentaires ont chuté de 36,03%, passant à 364 millions de dollars contre 569 millions à la même période en 2009 ; la facture des céréales, semoule et farine a fortement baissé de 66,97% : 91,49 millions de dollars en mai dernier contre 277,02 millions le même mois de 2009. Les produits de consommation non alimentaires sont tombés à 19,14%, passant à 507 millions de dollars en mai 2010 contre 627 millions de dollars en mai 2009. L'importation des médicaments a, pour sa part, baissé de 44,36% en mai dernier avec un montant de 110,43 millions de dollars contre 198,47 millions en mai 2009. En somme, la baisse des achats de l'Algérie est générale et s'annonce dans la durée. Une chose est claire à travers ces chiffres rendus publics la semaine dernière par le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) relevant des Douanes algériennes : la tendance baissière enregistrée depuis août 2009, c'est-à-dire depuis l'adoption de la loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009) tend à se poursuivre et même à se prolonger. Tout le monde s'accorde aujourd'hui à dire que ce sont là les incidences de la LFC 2009 qui a, faut-il le rappeler, fait couler beaucoup d'encre, particulièrement l'obligation du credo comme seul moyen de paiement des importations dont des réaménagements ont été promis par le gouvernement lors de la dernière tripartite. Celle-ci avait, pour rappel, décidé de la tenue d'une rencontre à la fin du premier trimestre 2010 pour trouver des solutions et pour améliorer les relations entre les banques et les entreprises. Des propositions ont même été faites à ce sujet. Cependant, c'est toujours l'attente. C'est également l'attente pour les moyens à mettre en place pour assurer la diversification de l'économie et le renforcement du système de production nationale. Car, à l'exception des céréales dont la facture d'importation a sensiblement baissé en raison de l'amélioration de la récolte et des résultats record enregistrés durant la campagne précédente, pour les autres filières industrielles, les taux de production n'ont pas vraiment changé ces dernières années. C'est la LFC qui a fait tomber les importations et non les taux de production. Car, en réalité, les PME algériennes travaillent toujours dans le même environnement où les entraves sont nombreuses, que ce soit en matière de foncier industriel ou d'obtention des crédits de la part des banques. Ce sont, en effet, les aspects qui nécessitent des changements pour réussir à réduire les dépenses liées aux importations des produits par une production locale capable de concurrencer ce qui arrive de l'étranger, que ce soit des partenaires européens, arabes ou asiatiques. L'exemple nous vient des médicaments. Certes, les importations ont baissé mais la production du générique localement reste insuffisante comme le témoigne la pénurie qui touche certains médicaments. Avec une chute des importations de 44% au mois de mai 2010, on assiste à la plus «importante» baisse depuis la décision prise en janvier 2009 par le gouvernement d'interdire l'importation des médicaments fabriqués localement. En parallèle, l'industrie pharmaceutique, l'une des filières prioritaires de la stratégie industrielle nationale peine à démarrer. Le gouvernement a, pourtant, affiché à maintes reprises son engagement à encourager la production locale de médicaments et notamment le générique par l'amélioration des incitatifs à l'investissement et par la réunion des conditions appropriées pour le développement de cette filière. Pour l'automobile, c'est un autre débat qui s'impose. En dehors de l'agroalimentaire dont les exemples de réussite sont nombreux, le tissu industriel national reste en décalage avec les ambitions et les besoins de l'économie nationale dont les exportations hors hydrocarbures restent toujours insignifiantes.