Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Les deux projets de loi amendant celles relatives à la concurrence et aux pratiques commerciales ont été débattus hier à la chambre basse du Parlement en présence de Mustapha Benbada, qui a succédé à son camarade au MSP, El Hachemi Djaaboub, au ministère du Commerce. Les députés ont été unanimes à s'interroger sur la nécessité d'élaborer des textes de loi pour règlementer le commerce, alors que l'informel continue à sévir et de plus belle. «On dirait qu'on a peur de s'attaquer à la mafia», a souligné Boutouiga du RND. Il demandera au représentant du gouvernement le secret de la non-ouverture des fameux 100 locaux par commune, non sans esquisser un début de réponse en indiquant que c'est la mafia qui serait dérangée. «Tout le reste est un leurre», lancera-t-il à la fin de son intervention. La seule femme députée du RCD a, quant à elle, demandé à M. Benbada si son département avait procédé à un bilan des différentes directions du commerce du pays. Une manière comme une autre de faire remarquer que le gouvernement s'inquiète beaucoup plus de l'élaboration de textes alors que, jusqu'à présent, il n'a pas de statistiques et encore moins un fichier national des acteurs de l'activité commerciale. L'hibernation du Conseil national de la concurrence s'est invitée dans les débats. Elle a été soulevée plus d'une fois. «Il ne se réunit plus depuis 2003, alors qu'il continue de bénéficier d'un budget et ses fonctionnaires perçoivent un salaire sans rien faire», interpelle un député. La protection des agents de contrôle a été soulignée avec insistance. Le ministre du Commerce a défendu son texte en affirmant qu'il vient en appoint des précédents mais en introduisant certaines dispositions pour lutter contre la spéculation et l'informel. «Il s'agit de renforcer les moyens de l'Etat à travers de nouveaux mécanismes. Lesquels seront mis à exécution dès lors que les infractions et les irrégularités seront constatées.» Et M. Benbada d'ajouter : «La spéculation trouve son origine dans l'anarchie qui règne dans la distribution. Il y a de véritables réseaux de rétention et de monopole. C'est ce qui explique que les prix augmentent même quand les produits sont largement disponibles.» Il rappellera toutes les mesures prises par les pouvoirs publics. «Il faut s'attaquer à la source, dira-t-il encore, avant de souligner que des milliers de tonnes de marchandises sont bloquées dans les ports algériens parce que ne répondant pas aux conditions.» Pour l'ex-ministre de la PME/PMI, il s'agit là de la mise en application de la loi, tout en reconnaissant que les opérateurs et importateurs continuent à faire de la résistance, refusant de se soumettre à la règlementation. Il donnera l'exemple des produits importés sans étiquetage et d'origine inconnue. Il laissera entendre qu'ils n'auront pas raison des pouvoirs publics qui sont décidés à sévir. Il avouera que les services de contrôle seront renforcés à travers le recrutement de 7 000 agents sur cinq ans. Aujourd'hui, son département n'en compte que 3 000 pour l'ensemble des commerçants, toutes catégories confondues. Il annoncera la construction prochaine d'un Institut de formation et de recyclage. Il faut souligner que l'hémicycle était à moitié vide, la plupart des élus ayant préféré longer les coulisses, histoire de tâter le terrain et faire campagne pour le renouvellement des structures de l'assemblée. D'autres, en revanche, ont fait le déplacement pour s'enquérir d'éventuelles missions à l'étranger, tandis que certains discutaient de l'avancement de leur projet immobilier qu'ils viennent de lancer, car ils se sont découvert une âme de promoteur.