Longtemps objet de spéculations de tous genres, l'armée algérienne a réussi, en l'espace de quelques années, à se consacrer à de nouvelles missions.Ainsi, depuis la décennie noire, l'Armée nationale populaire, qui avait mené la lutte aux côtés des autres forces de sécurité, a pris presque à elle seule la mission de traquer les groupes armés encore en activité dans les différents maquis du pays. En effet, après le repli quasi total des terroristes dans les zones montagneuses -même si la menace reste persistante dans les villes- l'armée s'est investie dans la mission de traquer les membres de l'AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) à travers les ratissages et autres bombardements aériens, au prix de plusieurs sacrifices, notamment en pertes humaines. L'autre mission dévolue aux forces armées est de faire le travail de police judiciaire. Cette nouvelle mission, instaurée par un décret présidentiel promulgué en 2008, donne la possibilité au DRS (Département de renseignement et sécurité) de s'investir dans la lutte contre les crimes économiques. Cette tâche revenait dans un passé récent aux services de police et de Gendarmerie nationale. Cette orientation du DRS est connue du grand public par le biais de ce qui est désormais connu comme «l'affaire Sonatrach». Ce sont en effet les éléments des services secrets qui ont mené l'enquête ayant conduit, en décembre dernier, à l'arrestation de plusieurs cadres de la compagnie nationale des hydrocarbures et au limogeage de son ancien P-DG, Mohamed Meziane, mis sous contrôle judiciaire. D'autres affaires sont instruites par les éléments du DRS. Même si, comme dans d'autres circonstances, la communication fait défaut. Pour stopper, ou du moins freiner, les velléités d'intervention des Occidentaux, notamment des Américains, dans la région sahélo-saharienne où le terrorisme commence à se répandre sérieusement, l'armée algérienne a pris les devants. Elle a ainsi réuni, le mois d'avril dernier à Tamanrasset, les autres armées de la région pour étudier le meilleur moyen de lutter contre ce fléau transfrontalier. Plus qu'une démarche politique, cette nouvelle mission est la première à avoir conduit l'armée algérienne hors des frontières nationales depuis la guerre israélo-arabe de 1973. Il est vrai que les choses ne sont pas présentées de cette manière. Mais les aides directes aux armées voisines ainsi que l'engagement des officiers de l'ANP témoignent d'une volonté de contribuer à l'instauration d'une stabilité régionale pérenne. Le prix est, là aussi, un peu élevé. Mais l'enjeu en vaut la chandelle.Tout cela démontre, donc, que l'armée algérienne diversifie ses missions au fil des ans et des circonstances. A. B.