Le 5 juillet 1962, les Algériens ont laissé leur joie folle s'exprimer dans les rues des villes et villages du pays. Au terme d'un combat de longue haleine couronné par une guerre terrible de sept ans et demi, la volonté d'un peuple est venue à bout de 132 ans d'une occupation coloniale qui avait tout fait pour annihiler la personnalité et l'identité algérienne. Le sentiment de délivrance collective s'est exprimé dans une liesse et une euphorie populaires qui n'avaient d'égal que la fièvre provoquée par l'équipe nationale et qui s'est emparée de la jeunesse en 2009 et 2010. Les observateurs qui ont suivi avec une attention particulière les fans des Fennecs, ne comprenaient pas cet engouement des nouvelles générations pour l'emblème national qui a coloré l'Algérie de façon spontanée tout au long des exploits sportifs des Verts. Les années de braise qu'a vécues l'Algérie entre 1992 et 2000, ont été perçues par la majorité des Algériens comme un séisme dévastateur qui a failli souffler les fondements de l'Etat et de la Nation. Pendant cette période tragique, l'emblème national, les symboles de la révolution et les repères communs aux Algériens ont été remis en cause par l'intégrisme religieux et la violence terroriste. D'ailleurs, les générations de Novembre aussi bien celles qui ont vécu la période coloniale, que celles qui ont été des acteurs de la guerre de libération nationale, ainsi que les enfants nés pendant la guerre de libération, n'ont cessé de se référer à cette période glorieuse où se sont cristallisés le fait national et les fondements de la Nation et de l'Etat. Au-delà des valeurs républicaines modernes, du rôle salvateur des forces de sécurité, tous corps confondus, et de l'éveil de l'instinct de survie collectif, la réactivation de la mémoire de la résistance nationale contre l'occupation coloniale a été le facteur mobilisateur des différentes franges de la société contre l'hydre terroriste téléguidée et soutenue pendant les premières années par des puissances étrangères qui espéraient voir l'Algérie à genoux. L'horreur des crimes terroristes n'a rien à envier à ceux commis par l'armée coloniale, les colons et l'OAS. Une politique de la terre brûlée, de terreur a été minutieusement appliquée par les mercenaires intégristes au nom d'intérêts étrangers et d'une légitimité divine opposée à tout ce qui symbolise l'épopée nationale depuis l'Emir Abdelkader en passant par l'Etoile nord-africaine jusqu'au PPA-MTLD et au FLN de Novembre 1954. L'objectif du terrorisme intégriste visait, tout comme la politique coloniale, à oblitérer la mémoire collective et à couper le cordon ombilical qui liait les générations de l'indépendance à celle du mouvement national indépendantiste et libérateur. Il est tout aussi vrai que l'esprit de Novembre et les symboles de la révolution ont été dévoyés par les comportements immoraux de certains responsables. Ce qui a donné l'impression que la jeunesse algérienne s'était détournée de ces référents historiques, d'autant plus que le phénomène de la harga a été interprété comme une volonté de divorce avec la mère patrie. La corruption, les détournements des deniers publics, la dilapidation du foncier agricole, industriel et urbain par des notables du régime notamment pendant la période du terrorisme ont grandement porté atteinte à la cohésion nationale. Mais face à la déferlante terroriste, l'instinct collectif de survie l'a emporté sur le défaitisme grâce notamment à l'œuvre héroïque des martyrs de la guerre de libération nationale et grâce aux sacrifices des femmes et des hommes qui ont payé de leur vie pour que l'Algérie reste debout. Autant d'éléments qui expliquent l'attitude de la jeunesse algérienne qui a réhabilité les valeurs de Novembre, le sens du patriotisme et l'amour du pays. Cette jeunesse laissée pour compte des choix politiquess et économique ultralibéraux n'a pas seulement crié sa douleur de se voir marginalisée et exclue, elle a surtout exprimé son attachement aux valeurs nationales immuables. Le fait de porter haut l'emblème national, de s'en couvrir le corps, et de l'afficher dans tous les espaces, y compris à l'étranger, est une réponse cinglante aux révisionnistes de tous bords, aux intégristes mercenaires et aux séparatistes aventuriers rejetés dans leur propre fief. Même la jeunesse beur a exprimé son attachement à l'Algérie qui coule dans ses veines en dépit du déracinement. A. G.