5-juillet 1962 - 5-juillet 2007, quarante-cinq ans après, la fête de l'Indépendance retrouvée est encore dans toutes les mémoires. Unique en son genre, cette année-là fut à graver sur du marbre. Le pays retrouvait sa liberté et sa place au sein des nations, et le peuple assistait à la fin d'un long cauchemar et à la cessation de combats souvent durs, âpres et douloureux. Après la signature des Accords d'Evian et la proclamation du cessez-le-feu, la population investit les rues et les places, et dans un réflexe de respect dû aux martyrs, les gens se mettaient à la recherche des tombes et des fosses communes, et procédaient à la réinhumation des chouhada. Comme toutes les régions du pays, et peut-être un peu plus, au vu des souffrances et des traces indélébiles laissées par les DOP, les SAS et autres unités militaires des forces occupantes, la Kabylie se retrouvait vidée, meurtrie, exsangue. Mais, malgré ces souffrances, et peut-être à cause de cela, la région fêtait l'événement dans la ferveur et la joie. Une joie que pas même les révolutionnaires de la vingt-cinquième heure, appelés alors les martiens, ne purent ternir malgré plusieurs aberrations constatées sur le terrain. Le jour béni du 5-Juillet, drapeau national en tête, les foules ivres de joie, chantant et dansant, s'entassèrent dans des camions et remplirent les quelques bus trouvés dans certaines villes et allèrent qui à Tigzirt, qui à Dellys et qui dans d'autres lieux pour crier leur joie et faire part au monde entier de leur indicible allégresse. Partout, les troupes de l'ALN étaient accueillies comme des héros, c'est à qui embrasserait un moudjahid, qui s'empressait de se faire photographier en sa compagnie. Les combattants, épuisés par tant d'années de guerre et par les longues et dures privations, se laissèrent chouchouter par le peuple. Un peuple fier de son armée qui avait vaincu une puissance mondiale. Les temps de la politique se préparaient déjà à Tripoli, mais le Gpra faisait son entrée dans Alger et c'était suffisant pour faire éclater la joie dans les rues et les places, dans les villes et les villages, dans les plaines et les montagnes. La fraternité de mise durant la révolution était à son summum. Tous les Algériens étaient unis comme les doigts d'une seule main, et tous avaient le même idéal et le même objectif: l'Algérie libre, désormais, une réalité. Il avait, à l'époque, fallu que le Gpra appelle à la reprise du travail pour qu'enfin, la grande fête s'achève, encore que les gens qui avaient une soif inextinguible de joie sortaient après le travail pour reprendre la fête. Plus tard, quand les feux de l'été devinrent encore plus ardents, les problèmes commencèrent, et ce furent les affrontements entre frères, mais c'est là une autre histoire.