Les énergies renouvelables ont le vent en poupe. Même si les Etats sont toujours dans l'incapacité de trouver un terrain d'entente et d'adopter une politique commune encadrée par une législation internationale qui permettrait le remplacement graduel des énergies polluantes par celles propres, il y a toutefois des avancées et des initiatives «individuelles» prometteuses. La plus importante de ces initiatives vient des Etats-Unis, grand pollueur et détracteur des résolutions internationales sur l'environnement. En effet, le président américain Barack Obama a annoncé, dimanche dernier, au cours de son allocution hebdomadaire que près de 2 milliards de dollars seront investis dans la construction de deux centrales solaires. Les projets qui ont été confiés à deux entreprises, Abengoa Solar et Abound Solar Manufacturing, permettront d'augmenter l'utilisation des énergies renouvelables et de créer près de 35 000 emplois temporaires et 16 000 permanents. Abengoa Solar devrait construire la plus grande centrale solaire à concentration au monde en Arizona. Son principe : des miroirs paraboliques concentrent l'énergie du soleil pour produire de la vapeur d'eau destinée à faire tourner des turbines électriques. Selon la compagnie espagnole, le projet, baptisé «Solana», couvrira une surface de 770 hectares et aura une capacité de production de 280 MW, de quoi fournir de l'électricité pour 70 000 foyers et réduire les émissions de carbone. Abengoa estime que 1 500 emplois seront créés pendant la construction de la centrale et que 100 postes seront nécessaires pour la maintenir. Quant à Abound Solar Manufacturing, elle va prendre en charge la construction d'usines dans le Colorado et l'Indiana pour la production d'un nouveau type de panneaux solaires fins, et devrait créer 2 000 emplois pendant la construction et 1 500 emplois permanents. Ces deux projets s'inscrivent dans la politique du président américain qui, pour faire face à la concurrence agressive de la Chine, avait promis, lors de sa campagne électorale, de créer des emplois dans l'industrie des énergies renouvelables américaine. S'agissant du financement de ces projets, il sera assuré par le plan de relance américain. Plus terre à terre, mais tout aussi porteur, c'est le projet de la ville de Paris qui, dans le cadre de son plan Climat, vient d'annoncer le lancement d'une expérimentation visant à récupérer de la chaleur dans les égouts, afin d'alimenter le chauffage des équipements publics. Avec ce projet, la capitale française vise la réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités municipales d'ici à 2020 et ce, tout en portant à 30% la part des énergies renouvelables dans sa consommation énergétique. Parmi les actions mises en place pour atteindre ces objectifs, la ville de Paris a décidé d'expérimenter la récupération de chaleur en égout afin d'assurer le chauffage d'équipements publics tels que piscines, écoles, gymnases ou bâtiments administratifs. Cette technique consiste à récupérer la chaleur contenue dans les eaux usées des égouts à l'aide d'échangeurs thermiques qui capteront la chaleur pour la transmettre aux différents systèmes de chauffage des établissements publics auxquels ils seront connectés. «Tous ces circuits sont totalement sécurisés et étanches et ne présentent donc aucun risque pour la communauté éducative, en termes d'odeurs notamment», assurent les initiateurs du projet. Un premier test sera mis en place par la Compagnie parisienne de chauffage urbain, dans une école du XIIe arrondissement. Les échangeurs thermiques seront installés dans les sous-sols du groupe scolaire et le système devra être opérationnel début 2011. L'efficacité et la contribution effective du système à la réduction des émissions de gaz à effet de serre décideront des suites à donner et si l'expérience pourrait être élargie et multipliée. Mais même si les résultats ne sont pas concluants, on retiendra qu'une voie a été ouverte dans le bon sens et que la volonté de promouvoir et d'élargir l'usage des énergies renouvelables est affichée. C'est déjà un pas. Les autres pays, capitales, villes et communes devraient en prendre de la graine. Et pas à pas, on arrivera peut-être à faire revivre la terre qu'on est en train de tuer à petit feu. H. G.