Sur le déclin depuis 1984 après la longue grève engagée par « les gueules noires », le charbon avait été supplanté par d'autres énergies. Son extraction, les coups de grisou qui avaient secoué nombre de mines à travers l'Europe et son impact polluant sur l'atmosphère avait conduit les dirigeants allemands puis européens à le bouder. Les spécialistes de l'époque qui accusaient le charbon d'être le principal responsable du trou dans la couche d'ozone devaient le conduire définitivement au placard. C'est à ce titre que les mines ont fermé les unes après les autres en France, au Royaume-Uni puis en Allemagne pour ce qui concerne les pays les plus industrialisés du vieux continent. La page semble être définitivement tournée. Un temps. Le chouchou réapparaît par la grande porte, soutenu par une politique concurrentielle menée et par les Etats-Unis et par la Chine. En effet, alors que le groupe d'experts (Giec) vient de remettre son dernier rapport sur le climat faisant état d'une hausse prochaine et dangereuse des températures, bouleversant suffisamment les écosystèmes existants, la Chine vient par la voix du responsable de l'association météorologique, M. Qin Dahe, affirmer qu'il était peu probable que le pays suspende l'exploitation du combustible tant incriminé. « Remplacer 70% de la consommation énergétique demande énormément d'argent », déclare le responsable lors d'une conférence de presse sur le réchauffement climatique constituant la première réponse officielle chinoise au rapport de l'ONU. La Chine pourvoit aux deux tiers de sa consommation d'électricité en recourant au charbon, le plaçant au premier rang des pays émetteurs de gaz à effet de serre. Sauf que, selon les termes de la Convention de Kyoto, la Chine n'est pas concernée par les restrictions d'émissions de dioxyde de carbone car elle est toujours considérée comme un pays en développement. Tandis que les scientifiques préconisent une hausse globale des températures de 1,8 à 4° C d'ici la fin du siècle, le responsable chinois reconnaît que Pékin a, cet hiver, enregistré les températures les plus chaudes depuis ces trente dernières années. Les Américains boudent le pétrole Les Etats-Unis passent au plan B : à bas le pétrole qui coûte trop cher et accessible dans des pays lointains. Revenons à nos bonnes vieilles mines de charbon. Rassurant, quant à la technologie utilisée pour sa combustion, le gouvernement Bush veut du charbon mais propre. L'Agence de presse algérienne rapporte l'information selon laquelle le projet du budget 2008 du président américain, présenté lundi dernier, propose de réduire la dépendance à l'égard des importations de pétrole et « d'encourager la recherche et le développement de technologies propres liées aux biocarburants, charbon, hydrogène et autres énergies nouvelles et renouvelables ». Selon le secrétaire à l'Energie, Samuel Bodman, ce budget vise à répondre aux engagements pris, qui consistent en la diversification des ressources énergétiques en réduisant la dépendance à l'égard des sources étrangères d'énergie. Quelque 385 millions de dollars seront alloués à différents projets reposant sur une combustion propre du charbon ainsi que des essais sur le terrain sur une grande échelle de capture du carbone. Les nouvelles technologies permettraient aux Etats-Unis d'exploiter leurs réserves de charbon à des coûts raisonnables. « Sans aggraver les émissions de gaz à effet de serre », précise le ministre Brodamn. C'est ainsi qu'après une hausse des prix du pétrole avoisinant les 40%, les Etats-Unis, deuxième producteur de charbon juste derrière la Chine, comptent mettre les bouchées doubles pour multiplier par deux leur consommation de charbon d'ici à 2015. D'ailleurs, de toutes les énergies, les réserves de charbon sont suffisantes pour les deux siècles à venir. Alors que les réserves de pétrole correspondent à une quarantaine d'années de production, celles du gaz à plus de soixante ans ; argument convaincant plaidant en faveur du vieux minerai.