Depuis que l'Afrique du Sud a réussi, en 2006, à arracher l'accord pour l'organisation du Mondial 2010, les débats autour de l'impact d'un tel évènement, particulièrement sur le plan économique, ne se sont pas arrêtés. Des chiffres et des prévisions ont été à maintes fois avancés. Juste avant le début du rendez-vous planétaire, qui prend fin aujourd'hui, la question ressurgit. Les bureaux d'études internationaux n'ont pas été avares en analyses en matière de perspectives à moyen terme. En effet, si l'organisation de la 19ème Coupe du monde de football en terre africaine a coûté énormément cher (4 milliards d'euros) à la première puissance économique du continent pour la construction de nouveaux stades, l'amélioration des infrastructures de transport et de la sécurité, elle a permis en parallèle au pays de l'arc-en-ciel d'en tirer profit. Le président sud-africain Jacob Zuma a d'ailleurs affiché son satisfecit à ce sujet. Pour lui, l'évènement s'est soldé par le succès sur le plan économique. «Nous pouvons sans problème dire que nous avons de bons retours sur nos investissements», a-t-il déclaré la semaine dernière lors d'une conférence sur les investissements au Cap (sud-ouest du pays). Et d'ajouter : «L'investissement dans les stades a créé environ 66 000 nouveaux emplois dans le bâtiment. Les 1,3 milliard de rands dépensés pour la sécurité ont permis de recruter 40 000 nouveaux policiers et policières.» Globalement, en attendant que l'impact économique soit chiffré précisément, le gouvernement sud-africain a déjà quelques conclusions. Les notes de satisfaction sont nombreuses. Ainsi, les premières estimations à l'issue de ce rendez-vous footballistique mondial font part de la création de 130 000 emplois, tous secteurs confondus, et d'une contribution à hauteur de 0,4 % dans la croissance du PIB cette année, avec une injection de 38 milliards de rands dans l'économie du pays. L'on relève également l'augmentation des recettes de TVA (taxe sur la valeur ajoutée) en raison de la hausse des dépenses. Le tourisme et la distribution ont, pour leur part, pleinement profité de cet évènement. Parmi les autres points importants, un représentant du gouvernement sud-africain a évoqué la libération des vocations entrepreneuriales chez les Sud-Africains. Qu'en sera-t-il à long terme ? Là aussi, les prévisions sont optimistes. Les bénéfices effectifs de cette phase finale sont, en effet, attendus même s'il faut attendre. Et ce, une fois que l'Afrique du Sud aura tiré profit du rajeunissement de ses infrastructures et d'une image largement redorée. «Aujourd'hui, l'Afrique du Sud existe sur l'échiquier économique mondial. Nous nous sommes forgé la réputation d'un pays qui sait se montrer à la hauteur», a estimé le ministre sud-africain des Finances, M. Pravin Gordhan De son côté, l'économiste Iraj Abedian, expert au sein de la société Pan African Advisory Services, dira : «Nous avons assisté à un changement d'état d'esprit extraordinaire, remarquable. L'Afrique a été longtemps été minée par un afro-pessimisme largement répandu et profondément ancré. Mais cela a fait place à une perception différente de l'Afrique du Sud et de l'Afrique, dont le potentiel est désormais reconnu. C'est une chose nouvelle.» Le plus important reste maintenant à tirer des leçons de cette expérience réussie pour reproduire d'autres succès dans des créneaux liés au développement. L'expert cité plus haut le dit d'ailleurs clairement : «Si nous utilisons l'expérience de cette année comme un tremplin pour répondre aux besoins de notre pays en matière de développement, le monde de l'entreprise va en profiter pendant vingt ans.» S. I.