Photo : S. Zoheïr Par Amel Bouakba Dysfonctionnements, mauvaise gestion, magouilles, pénuries récurrentes de produits pharmaceutiques indispensables, le secteur du médicament vit ses plus mauvais jours. Il est miné par des problèmes et des contraintes énormes qui se répercutent inéluctablement sur les malades confrontés à des ruptures de médicaments vitaux. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbes, veut mettre de l'ordre dans ce secteur qui agonise. Il a réuni, hier au siège de son département, l'ensemble des syndicats et des associations activant dans le domaine du médicament et de la pharmacie. Il s'agit, entre autres, de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP), de l'association nationale de production en pharmacie (ANPP), du Syndicat algérien des industriels pharmaceutiques (SAIP) et du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO), ainsi que des représentants du groupe Saidal et de IMC. A entendre les intervenants, le secteur du médicament se trouve dans une situation chaotique. Le monopole du médicament est entre les mains des lobbies pharmaceutiques qui font la pluie et le beau temps. Avec les contraintes en tous genres entravant la production nationale, tout semble avoir été fait ces dernières années pour aller à contre-courant des engagements du président Bouteflika qui parle d'encourager la production nationale et le générique. «Il y a une volonté de casser tout ce qui est local. La crise qui dure depuis des années est aggravée par la LFC 2009», ont expliqué les conférenciers. «La lettre de crédit documentaire bloque la production nationale et facilite l'importation», ont noté en substance les différents syndicats et représentants de l'industrie pharmaceutique. Le représentant du SAIP a évoqué le problème du non-remboursement des médicaments fabriqués localement, déplorant le deux poids, deux mesures. «Des produits essentiels ne sont pas remboursés alors que ceux qui sont importés le sont», s'est-il insurgé. De son côté, Nabil Mellah, SG de l'UNOP, a évoqué une somme de contraintes qui entravent la promotion de l'industrie pharmaceutique nationale, passant en revue une réglementation obsolète, des mesures démotivantes et de multiples obstacles. Il estime que le fabricant local de médicaments est défavorisé par rapport à l'importateur. Il a déploré le fait que les Douanes algériennes ne disposent même pas d'une nomenclature de médicaments actualisée. «La nomenclature dont dispose les Douanes date de 1997», a-t-il souligné. Pour sa part, le représentant du SNAPO a évoqué la nécessité de revoir les marges bénéficiaires du médicament de fabrication locale et du générique. Les différents intervenants ont précisé qu'il est impératif d'instaurer une politique globale de promotion de la production nationale.