Frustrés par le peu d'avancée dans les pourparlers indirects avec Israël, les Palestiniens vont vraisemblablement rejeter, pour le moment, l'appel des Etats-Unis à passer à des négociations directes, en dépit de pressions intenses de Washington. Le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, a affirmé que les Etats-Unis «croient fortement» à la reprise du dialogue direct, interrompu fin 2008 entre Palestiniens et Israéliens, alors que l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell commence une nouvelle navette dans la région. Mitchell devrait rencontrer le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et s'entretenir à Ramallah avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Si Abbas ne réclame plus le gel total de la colonisation juive, il demande des «réponses» ou «signaux» d'Israël sur les questions de la sécurité et des frontières, deux pierres d'achoppement dans le processus de paix, avant de discuter directement avec Netanyahu. Le Fatah a estimé que les discussions indirectes, lancées début mai sous l'égide des Etats-Unis, n'avaient abouti à «aucun progrès» en raison de la défiance et du manque de crédibilité des Israéliens. Ce qui empêche le passage à des négociations directes. Ainsi, la poursuite de la colonisation et la démolition de maisons palestiniennes, cette semaine, dans la partie arabe d'El Qods apparaissent comme autant de nouvelles entraves aux tentatives de rapprochement. Netanyahu répète à satiété qu'il veut des négociations directes, mais les Palestiniens doutent qu'il soit prêt à un retrait de Cisjordanie et encore moins de stopper les colonies. Depuis le début du processus de paix à Oslo en 1993, le nombre des colons juifs en Cisjordanie a presque triplé, à 300 000, alors que quelque 200 000 autres résident aujourd'hui dans le secteur oriental annexé de la Ville sainte. Les analystes palestiniens s'attendent donc à ce que Mahmoud Abbas rejette officiellement des discussions directes tout en évitant une confrontation avec le président américain Barak Obama. Ce dernier espère que le face-à-face entre Israéliens et Palestiniens démarrera avant le 26 septembre, date de la fin du moratoire partiel de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie. «La direction palestinienne tentera, de façon diplomatique, d'éviter de prendre part aux négociations directes tant qu'elle n'aura pas obtenu un minimum de ses revendications», prédit le politologue palestinien Abdelmajid Suallem. «Les dirigeants palestiniens ne vont pas accepter d'entrer dans des négociations directes, ce serait une récompense pour Netanyahu», renchérit Abdelrahim Malawah, député du Front populaire de libération de la Palestine. «Le fait qu'Israël ait imposé ses demandes de négociations directes à l'administration américaine ne signifie pas qu'il les a imposées aux Palestiniens», note-t-il. Les démonstrations d'amitié entre Obama et Netanyahu, lors de la récente visite de ce dernier à la Maison-Blanche détonnent avec le rôle de parrain américain. Comment, après un tel étalage de connivences, Washington pourrait faire pression sur Israël pour lui arracher des concessions ? Agences