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Un moment d'abandon, d'inattention et le drame survient
Blessures physiques et morales marquantes
Publié dans La Tribune le 18 - 07 - 2010

En ces temps de grandes chaleurs, les familles s'occupent très peu de leurs enfants. Ces derniers, livrés à eux-mêmes, sont victimes de nombreux accidents aussi bien à l'intérieur même de leur maison qu'à l'extérieur. Les services des urgences médicales enregistrent quotidiennement des cas de chute, de brûlures, d'absorption de produits impropres à la consommation et bien d'autres dégâts qui affolent les mères, mais juste l'espace d'un jour, deux jours, le temps d'oublier l'incident. Et ça s'oublie très vite, malgré les nombreux points de suture, le plâtre trop lourd à porter, les traces de brûlure et le regard triste, accusateur, de l'enfant qui reproche, sans le dire, à ses parents le fait de l'avoir abandonné pendant un moment crucial de sa vie. En effet, qui d'autres que les parents sont responsables de ces blessures physiques et morales que les enfants peuvent traîner pendant des années ? Pendant toute une vie, devrions-nous dire. Avoir le visage défiguré par la faute d'une mère qui laisse son enfant entrer dans la cuisine et s'amuser à toucher des ustensiles remplis d'eau ou d'huile chaude est difficile à admettre. Ne rien dire à ce garçon turbulent qui s'amuse à taquiner sa petite sœur avec de gros cailloux jusqu'à lui blesser grièvement l'œil est encore impardonnable. La petite fille perd l'usage de son œil ; le médecin constate un décollement de la rétine, il ordonne une intervention chirurgicale qui peut réussir ou non. Un homme de 38 ans regrette amèrement la souplesse de son père envers son autre frère. «On s'est bagarrés. Il l'a laissé me frapper fort sur le visage. J'ai eu un décollement de la rétine, je me suis fait opérer mais ça n'a rien donné. Aujourd'hui, je ne vois qu'avec un seul œil», dit-il, frustré. L'homme garde une certaine rancœur envers son père. Il ne lui parle pratiquement pas. Juste par correction, comme il le dit. «C'est plus fort que moi», poursuit-il. Des cas parmi tant d'autres. Sans oublier les nombreux cas d'atteinte à la pudeur commis à l'égard des enfants. Des filles et des garçons. Il se passe tellement de choses dans les foyers, mais des parents ferment l'œil et feignent
l'ignorance. Et pourtant, ces mêmes parents ont une grande part de responsabilité dans tout ce qui arrive à leurs enfants. C'est à eux que revient la mission de les orienter dans leur vie, leur montrer le bon chemin, leur en interdire le mauvais. Simplement les protéger. Beaucoup de parents oublient ce devoir envers les enfants. Ils se suffisent d'être les géniteurs. Conséquence, des hommes et des femmes traînent aujourd'hui des blessures profondes. Pas seulement celles qui sont apparentes sur le visage, le corps. Mais aussi celles qui sont cachées dans le cœur, dans l'âme. Les parents sont démissionnaires. C'est une réalité vécue au quotidien. Elle est dénoncée au niveau des écoles, dans les quartiers et dans les tribunaux. Il y a quelques jours, une femme a été condamnée à une douzaine d'années de prison ferme parce qu'elle avait tué, elle-même, son propre enfant âgé de cinq ans. Elle l'a brûlé vif et s'est débarrassé du corps avec l'aide de son compagnon. La presse rapporte que l'enfant était illégitime et que la mère était une prostituée. Est-ce une raison pour justifier un tel crime ? Pas du tout. Le pire, c'est que la justice elle-même est condamnable dans cette affaire. Qu'est-ce que c'est douze ans pour une femme qui ose tuer son propre fils de cette manière si lâche ? La sanction est loin d'être à la mesure de la gravité du crime. La mère coupable mérite la perpétuité, peut-être même la mort, soutiennent des personnes hors d'elles à la lecture de cette information. Une autre mère, fonctionnaire, affirme sa fierté d'avoir des enfants qui se prennent en charge eux-mêmes : «Je leur laisse la clé de la maison, ils rentrent et sortent quand ils veulent. Ils font des achats, réchauffent eux-mêmes ce qu'ils veulent manger au moment du déjeuner, parfois lavent la vaisselle… » Et la femme d'ajouter : «Ils se débrouillent bien, je leur fais confiance.» Ses deux enfants n'ont pourtant que 5 et 7 ans. «Il n'y a pas d'école, pas de crèche, et je n'ai pas où les laisser. Je leur ai appris à se prendre en charge. Je n'ai pas le choix», affirme-t-elle comme pour se justifier. Ainsi, les deux enfants se responsabilisent dès leur jeune âge. Eux, non plus, n'ont pas le choix.
K. M.


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