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L'Office national interprofessionnel des légumes et des viandes en attente
Annoncé pour réguler le marché
Publié dans La Tribune le 19 - 07 - 2010


Photo : S. Zoheïr
Par Ziad Abdelhadi
Le consommateur qui aura placé quelque espoir de voir le marché connaître un début de régulation à travers la création d'un Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev), projet initié par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, devra encore patienter. Et pour cause, ce projet demande une totale adhésion de l'ensemble des acteurs de ces deux filières, ce qui, pour l'instant, n'est pas évident tant les circuits de commercialisation ne reposent sur aucune règle sinon celle de la surenchère à outrance et de l'entretien de la pénurie durant certaines périodes de l'année. Toutefois, malgré les embûches rencontrées sur le terrain, le projet est en phase de mise en place. Une mise en place qui se fait cependant de manière très lente. Il est en fait en maturation depuis quelques années et en attente de l'application des dernières dispositions pour la création des deux nouvelles institutions qui devaient voir le jour avant juillet 2009. Les procédures réglementaires relatives à l'Office national des viandes devaient même être établies. Depuis, toute une année s'est écoulée sans aucun changement et aucune ébauche n'a été proposée. Il semble que la création de l'Onilev bute sur de sérieux écueils qui ne permettent pas d'avancer, alors que sa mise en place est des plus nécessaires étant donné l'état de dysfonctionnement dans lequel sont plongés le marché de la viande et celui des légumes. Car l'intérêt et l'importance de la création de ce type d'office pour le consommateur sont dans tout ce qu'il représente comme opportunités de contrôle et de maîtrise des prix. Il est évident que l'Onilev, une fois présent sur le terrain à travers des centres commerciaux, changera la donne puisque ces derniers (les centres commerciaux, ndlr) ont pour rôle d'acheter les productions des agriculteurs à des prix soutenus et de procéder à leur revente aux grossistes en fruits et légumes. Cette procédure permettra d'unifier le prix d'achat et prendra en charge les coûts de transport en l'incluant au prix de revient final.
Pour la viande, l'office aura à gérer les trois abattoirs qui seront réalisés au niveau des Hauts Plateaux. Abattoirs où les carcasses de mouton seront stockées et mises sur le marché chaque fois que la tension se fera persistante. On peut avancer qu'une fois à l'œuvre, cet office peut devenir une sérieuse arme pour lutter efficacement contre la spéculation sur les prix des produits de large consommation, à condition de lui donner les moyens, c'est-à-dire disposer d'infrastructures de stockage suffisantes et d'un capital pour régler ces achats auprès des producteurs et éleveurs. Un léger retard peut remettre en cause tout ce qui est attendu de l'Onilev, d'autant que les pouvoirs publics attendent de ce dernier des résultats, c'est-à-dire arriver à assainir le marché des légumes et de la viande. En somme, réguler ces deux marchés.
Concilier les intérêts des consommateurs et des acteurs de la filière viande
Outre la régulation, selon les textes de loi portant sur la création de l'Onilev, cet office est également chargé «de réaliser toute étude et enquête permettant la connaissance des différents segments de la filière, leur niveau d'intervention et de proposer aux pouvoirs publics les programmes de développement et de régulation à mettre en place». Il a également pour mission de «concilier les intérêts économiques des différents intervenants dans la filière et ceux des consommateurs, d'effectuer toutes les opérations commerciales ou industrielles liées à son objet et d'effectuer des prestations de services au profit des agriculteurs».
Dirigé par un directeur général, l'Onilev est doté d'un comité interprofessionnel consultatif, composé des représentants de l'ensemble des catégories professionnelles de la filière des légumes et des viandes, de ceux des consommateurs et de ceux des pouvoirs publics. Ce comité est chargé de «formuler des avis et des recommandations sur la politique générale des légumes et des viandes, l'organisation du marché et des prix, les moyens de renforcement de l'office et sur toute demande d'avis formulée par le ministre
chargé de l'Agriculture ou le directeur général de l'office», est-il mentionné dans le Journal officiel.
En définitive, des produits comme les légumes et les viandes rouges et blanches sont ainsi appelés à être soumis à ce système à travers lequel l'Etat prend en charge les frais de stockage pendant les périodes de surproduction pour les réinjecter sur le marché quand l'offre devient inférieure à la demande. Mais reste à savoir si, enfin, tous les acteurs de ces filières vont jouer le jeu où ne s'intégreront au système de régulation seulement dans le cas extrême, c'est-à-dire quand ils n'auront pas d'autres alternatives. Ce qui est certain aujourd'hui, comme c'est le cas pour la filière lait et pour d'autres filières, la filière viande a besoin d'être organisée selon les normes en vigueur en prenant en considération les besoins du consommateur. Recourir à l'importation à chaque fois que la demande augmente n'est pas la solution idoine pour un pays dont les besoins augmentent d'année en année sans politique de régulation des prix. Et pourtant, on ne cesse d'avancer que la production nationale répond largement à la demande. En effet, en chiffres, la production nationale, ovine et bovine, enregistre une sensible augmentation, évaluée en moyenne annuelle entre 5% et 15%, due principalement à l'augmentation de la natalité conjuguée à l'amélioration des conditions sanitaires du cheptel. Actuellement, le cheptel ovin est évalué à 21 millions de têtes et le cheptel bovin à 2 millions de têtes.
Mais pour la consommation en viande, qu'elle soit rouge ou blanche, elle reste des plus faibles en Algérie par rapport aux autres pays de la région. Les prix sont toujours hors de portée.
La nouvelle politique de renouveau agricole et rural, projetée dans la perspective de mise en œuvre du programme national du développement économique 2010-2014, changera-t-elle la situation ? Il est attendu, dans ce cadre, le lancement d'un programme de développement de la production ovine et bovine à travers la dynamisation du programme de mise en défense des parcours steppiques, l'extension des superficies consacrées aux plantations pastorales, en plus de l'aménagement et la création de points d'eau. Espérons que l'Onilev verra le jour durant cette période.


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