Vingt-quatre morts sur les routes en trois jours. Les accidents de la circulation font désormais partie de notre quotidien, plus qu'à l'accoutumée, puisqu'ils sont en voie de classer notre pays à la première place à l'échelle mondiale. Leur intolérable fréquence alourdit chaque jour, au fil des heures, le macabre décompte. En seulement deux jours (jeudi et vendredi), 93 accidents se sont produits et ont fait 18 morts. La frénésie est telle que les chiffres répercutés par les médias donnent le vertige. Ces mêmes chiffres effarants prouvent que la diminution des accidents tant clamée depuis quelques mois n'est qu'une chimère. Comment ne pas en être convaincu lorsqu'il ne passe pas un jour sans que des vies soient fauchées sur le macadam dans une violence inouïe, par la faute de chauffards qui usent de leur véhicule comme d'une arme ? Ces criminels au volant, dont le comportement sur la route n'est que l'image de leur manque de respect pour la vie humaine, se lancent à l'assaut de la route en n'ignorant rien de ce qui arrive fatalement lorsqu'on est dénué de prudence. On a tellement applaudi au recul – supposé ou réel – du nombre d'accidents après l'application du nouveau code de la route. A bien y regarder, et au vu de l'hécatombe de cette semaine, il y a comme une discordance dans la mise en pratique de ce nouveau code. Quelque chose ne tourne pas rond, ou plutôt ne file pas droit, pour rester dans le sillage des voitures qui foncent en zigzaguant sur les routes. Ni les retraits de permis ni les pénalisations ne semblent réfréner ces comportements qui s'apparentent à des envies suicidaires et en même temps criminelles. Sur le terrain, ce sont les mêmes attitudes qui se perpétuent. Les agents devant régler la circulation n'appliquent qu'en partie le nouveau texte et continuent à fermer les yeux sur certains dépassements, alors que les anciennes pratiques, qu'on croyait révolues par la grâce de ce code, ont toujours cours. Il est vrai que des infractions sont sanctionnées par une suspension de permis durant une certaine période, mais il existe toujours la possibilité pour certains d'échapper aux mailles du filet. Ceux qui pensent rendre service aux automobilistes non respectueux du code de la route ne font qu'encourager ces derniers dans leur conduite meurtrière, au propre comme au figuré. Le résultat, nous le voyons tous les jours avec un nombre impressionnant de morts et de blessés qui, s'ils ont la vie sauve, n'en gardent pas moins des séquelles parfois très graves. Le comportement des conducteurs sur les routes et les autoroutes laisse comprendre que rien n'a changé. Ivresse au volant, allure folle, dépassements dangereux et sorties en queue de poisson sont les caractéristiques de nombreux conducteurs dont les dégâts sont incommensurables. R. M.