Lancées en mai, les négociations entre les Palestiniens et les Israéliens n'ont apporté aucun résultat tangible. La cause du blocage est connue. La partie colonisatrice ne subit aucune pression qui la pousserait à faire des concessions. Washington veut accélérer le mouvement. Abbas, Moubarak et Netanyahu se sont rencontrés séparément en Egypte avec l'émissaire américain George Mitchell, qui mène les pourparlers indirects et souhaite arracher une reprise du dialogue direct, interrompu depuis l'agression sanglante d'Israël contre Ghaza fin 2008. Mais la reprise de négociations directes, une perspective souhaitée par Washington, est accueillie avec scepticisme par les Palestiniens. Washington pousse les Palestiniens à accepter de passer des négociations indirectes, dites de «proximité», à des pourparlers directs avec Israël. L'évolution ressemble à un cercle fermé. L'Etat hébreu semble avoir le choix des «armes». Le président américain Barack Obama espère que le face-à-face entre Palestiniens et Israéliens pourra commencer avant le 26 septembre. Mais le peu d'avancée notable des pourparlers antérieurs n'est pas pour encourager des Palestiniens installés dans la résignation. Pour la forme, le président Abbas joue le jeu. Il réclame des garanties sur les contentieux de la colonisation juive et sur le statut de la Ville sainte. Israël insiste pour garder le contrôle des frontières d'un éventuel Etat palestinien. Un Etat dont les frontières sont gardées par un autre, la formule fait sourire. En Palestine, en Israël, au Caire, le ballet diplomatique intense de ces derniers jours augure d'une volonté de faire «bouger» les choses. Même l'Europe, jusque-là inopérante dans le conflit, fait entendre de la voix. «Israël doit multiplier les points de passage avec la bande de Ghaza et alléger davantage son blocus.» Le message est de la responsable de la diplomatie européenne Catherine Ashton à l'occasion de son bref séjour en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza. Les responsables palestiniens ont accueilli l'émissaire américain George Mitchell, venu leur parler des vertus du «dialogue» et les inviter à entrer dans des négociations directes avec un Etat au-dessus des lois internationales. Le président de l'Autorité palestinienne demande des «clarifications» sur la colonisation juive et sur El Qods. Washington paraît ne point avoir d'oreilles pour les Palestiniens. Obama semble plus soucieux de préparer les élections du «mid-term» que de se «compliquer l'existence» dans un dossier à la sensibilité éprouvée. Le président américain, auteur du fameux discours du Caire qui devait faire office de nouvelle politique de Washington au Proche-Orient, a bien qualifié l'extrémiste Netanyahu d'«homme de paix», qui serait prêt à prendre des «risques pour la paix». Le Premier ministre israélien a même reçu des félicitations pour avoir «allégé» le blocus de la bande de Ghaza. A entendre les responsables américains, ce sont les Palestiniens qui empoisonnent la vie des Israéliens. Dans cette comédie éternelle, les Palestiniens ne se font plus guère d'illusions. Le Président le plus puissant au monde n'exigera plus rien du colonialiste Netanyahu. C'est aux dirigeants de Ramallah de faire des gestes et au minimum de participer à entretenir l'interminable «farce» des négociations telles qu'elles sont proposées. Les négociateurs palestiniens «discutent» depuis maintenant quinze ans. Résultat : les territoires palestiniens grignotés par la colonisation ne se comptent plus. Des voix sages et incrédules s'élèvent heureusement des bantoustans palestiniens. Le Fatah reconnaît que les discussions indirectes, lancées début mai sous l'égide des Etats-Unis, n'ont abouti à «aucun progrès» en raison justement de «la défiance et du manque de crédibilité» des Israéliens. La situation sur le terrain est d'une clarté déconcertante. Les demandes de «clarifications» de l'Autorité de Ramallah paraissent désuètes. Désormais, c'est devenu une lapalissade redondante. A chaque hésitation de la partie palestinienne, les Américains expriment leur «préoccupation» et demandent «à chacune des parties d'éviter des actions qui peuvent diminuer la confiance». Vouloir toujours croire que Barack Obama aura le courage d'exercer une quelconque pression sur Israël, c'est s'embarquer dans une route sans issue. Le président américain a bien exigé verbalement, il y a des mois, un arrêt des colonies. La Maison-Blanche n'en fait plus mention. Mais plutôt veut que Mahmoud Abbas continue de jouer son rôle dans la perpétuation du «mensonge». Pourtant, le président Abbas n'est pas né de la dernière pluie. Le compagnon de Arafat sait très bien, depuis Oslo au moins, que plus personne n'accorde du crédit au «simulacre de négociations» préconisé. Le président Mahmoud Abbas exige, notamment des garanties écrites américaines sur le cadre, sur la durée et sur l'objectif final de ces pourparlers. Ces derniers devraient, selon le discours ressassé, dans un premier temps déboucher sur la création d'un Etat palestinien sur la plus grande partie de la Cisjordanie avec El Qods pour capitale. L'exigence de garantie par la partie palestinienne n'a jamais été prise en compte. L'histoire récente de la lutte des Palestiniens plaidera que Mahmoud Abbas sera contraint d'accepter «la reprise de négociations». Le feu vert de la Ligue arabe, qui se réunira le 29 juillet, ne sera que prétexte. Dans une interview au quotidien jordanien Al Ghad, Abbas a affirmé qu'Israël devait accepter la présence d'une tierce partie dans tout futur État palestinien, avant de démarrer toute négociation de paix dit directe. Ainsi, au moment où Mitchell est venu presser Abbas de reprendre des négociations «creuses», pas très loin, à Beyrouth, des discussions ont eu lieu entre le Fatah et le Hamas. Ainsi dans la capitale libanaise se déroule l'acte politique le plus significatif pour l'avenir des Palestiniens. Dans la mauvaise comédie de la négociation, les dirigeants palestiniens de Ramallah ne font que jouer un rôle dans «une pièce écrite par les Israéliens et mise en scène par les Américains». M. B.