L'Union africaine devrait s'affirmer pour un engagement militaire renforcé contre les insurgés shebab en Somalie, lors du sommet convoqué à Kampala dans les prochains jours. Deux semaines après les attentats revendiqués dans la capitale ougandaise par les Shebab, la crise somalienne devient un sujet brûlant pour les chefs d'Etat de l'instance panafricaine. Les dirigeants africains en profiteront pour en faire un symbole de leur détermination à combattre le terrorisme transnational, et dans ce cas de figure, les milices qui ont revendiqué le double attentat du 11 juillet, faisant 76 morts. D'autant plus que l'attentat a été perpétré en représailles à l'implication militaire de l'Ouganda (pays hôte du sommet) en Somalie. Les Etats membres devraient endosser une proposition d'envoyer 2 000 soldats renforcer les 6 000 hommes déjà déployés au sein de la force de maintien de la paix de l'UA (Amisom) à Mogadiscio. L'Ouganda, déjà majoritaire au sein de l'Amisom (3 500 hommes aux côtés de 2 500 Burundais) apportera la quasi-totalité de ces renforts. Kampala se retrouve engagé dans un conflit régional compliqué et recommanderait de ce fait la couverture de l'UA. Les chefs d'état-major de l'organisation régionale est-africaine sont réunis actuellement à Addis-Abeba pour finaliser les modalités de l'action avant de les soumettre au sommet de l'UA. L'Ouganda s'est dit décidé à demander de donner une orientation beaucoup plus offensive au mandat de l'Amisom. Cet outil est, pour l'heure, chargée pour l'essentiel de défendre les quelques quartiers de Mogadiscio où est installé le fragile gouvernement provisoire somalien. Pour les observateurs, l'Ouganda risque de se voir enliser dans un piège aux implications désastreuses. L'organisation non gouvernementale International Crisis Group croit savoir que l'aile la plus dure des Shebab rêve d'internationaliser le conflit somalien. La situation en Somalie devrait, selon les analystes, éclipser ce qui aurait autrement constitué le principal sujet politique du sommet des 53 pays membres de l'UA : la situation au Soudan. A l'approche d'un référendum sur l'indépendance du sud du pays, prévu en janvier prochain, la crise politique soudanaise s'est exacerbée. Inculpé la semaine dernière de génocide par la Cour pénale internationale, qui le poursuit depuis mars 2009 pour «crime de guerre et crime contre l'humanité» au Darfour, le président soudanais Omar el Béchir devrait renoncer à venir à Kampala, estiment certains observateurs. R. I.