Terrorisme n C'est l'acte terroriste le plus meurtrier depuis douze ans en Afrique de l'Est. Les islamistes somaliens Shebab ont revendiqué hier le double attentat ayant fait 74 morts et 85 blessés la veille à Kampala, dans deux restaurants qui retransmettaient la finale du Mondial. «Nous sommes derrière cette attaque car nous sommes en guerre avec eux (les Ougandais)», a déclaré le porte-parole des Shebab, Ali Mohamoud Rage, à Mogadiscio. «Nous poursuivrons les attaques s'ils continuent à tuer notre peuple. C'était une mesure défensive contre les Ougandais qui sont venus dans notre pays et ont tué notre peuple. C'étaient des représailles à leurs actions», a ajouté le porte-parole. Les shebab, qui contrôlent la plus grande partie de la Somalie et qui ont fait vœu d'allégeance à Al-Qaïda, combattent à Mogadiscio une force de paix de l'Union africaine (Amisom), qui protège de son côté le gouvernement provisoire du président Sharif Cheikh Ahmed, élu début 2009. L'Ouganda a été le premier pays à offrir des soldats à l'Amisom, dont les 6 000 hommes sont aujourd'hui pour moitié Ougandais et pour moitié Burundais. Avant même cette revendication, le vice-ministre ougandais des Affaires étrangères, Okello Oryem, avait assuré que les forces ougandaises n'allaient pas s'enfuir de Mogadiscio simplement à cause de cet acte lâche». Le double attentat commis à Kampala est le plus meurtrier en Afrique de l'Est depuis celui contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salam, le 7 août 1998, (224 morts). Selon le chef de la police ougandaise, trois bombes ont explosé, une dans un restaurant éthiopien du sud de Kampala et deux dans le bar d'un club de rugby de l'est de la ville, provoquant un carnage parmi la foule réunie à l'occasion du match de football Espagne - Pays-Bas. Ce dernier a précisé que le nombre de blessés s'élevait désormais à 85, contre 65 lors d'un précédent bilan. Dans le principal hôpital de Kampala, délabré et sous-équipé, des jeunes fans de football ont parcouru hier les couloirs pour retrouver un proche disparu. «Nous ne savons pas où il est. Je le cherche. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé», s'inquiétait ainsi un jeune de 25 ans, à la recherche d'un ami. Le chef de la police ougandaise avait immédiatement lié l'attentat aux récentes menaces des shebab de s'en prendre aux populations de l'Ouganda et du Burundi en représailles de l'engagement militaire de ces deux pays en Somalie. «Vous connaissez la région où nous sommes et notre engagement en Somalie», a déclaré cet officier. «Evidemment, il s'agit de terrorisme». Ce dernier a indiqué hier soir que des arrestations avaient été effectuées sans toutefois donner aucune précision. La semaine dernière, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe six pays d'Afrique de l'Est, a décidé de déployer rapidement 2 000 hommes supplémentaires au sein de l'Amisom. Cette offre doit être examinée par le prochain Sommet de l'UA convoqué à Kampala du 25 au 27 juillet.