En attendant que la loi de finances complémentaire 2010 (LFC 2010) soit complètement dévoilée, quelques points sont déjà connus à la lumière des déclarations du ministre des Finances, Karim Djoudi, et de celles du ministre du commerce, Mustapha Benbada. Des déclarations faites la semaine dernière à l'occasion de la clôture de la session de printemps du Conseil de la nation et qui sont venues mettre un terme à tout ce qui a été dit ça et là sur d'éventuels allègements des procédures d'importations et d'investissements directs étrangers en Algérie. A retenir essentiellement : le maintien de la politique économique adoptée depuis fin 2008 et consolidée dans la LFC 2009. En d'autres termes, pas de changement de cap pour la stratégie économique principalement pour l'utilisation du crédit documentaire comme seul moyen de paiements d'exportations. M. Djoudi l'a bien souligné : «La LFC 2010 s'inscrit dans la démarche du gouvernement». Une démarche qui, faut-il le rappeler, a soulevé moult critiques et engendré des appréhensions chez les opérateurs économiques algériens et leurs homologues étrangers. L'on se rappelle que juste après l'adoption de la LFC 2009, beaucoup de voix se sont élevés pour dénoncer des mesures jugées «restrictives» à l'importation et à l'implantation des entreprises étrangères en Algérie. Mais avec le temps, les nuages ont commencé à se dissiper avec l'organisation de rencontres de vulgarisation autour des mesures de la LFC 2009. De nombreuses délégations étrangères ont effectué tout au long de l'année en cours des visites en Algérie. Des visites qui leur ont permis d'en savoir un peu plus sur les nouvelles dispositions et de comprendre la stratégie algérienne. «Nous nous adaptons», «nous avons compris» sont parmi les réponses de ces délégations à l'issue de leurs entrevues avec les responsables algériens. Même son de cloche chez les organisations patronales algériennes qui ont fini par s'adapter au changement en dépit des crises qui ont secoué certaines organisations à l'image du Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui a vu les entreprises publiques se retirer du forum et qui a évoqué des plaintes de quelques opérateurs concernant l'application du Crédoc. Aujourd'hui, LA LFC 2010 ne risque donc pas de surprendre. Et ce, d'autant que l'application de la LFC 2009 a donné des résultats positifs notamment en ce qui concerne les importations. Les derniers chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques le montrent clairement. Rien que pour l'excédent commercial, la différence est de taille entre le premier semestre 2010 et celui de 2009, une période durant laquelle, elle était déficitaire. La balance commerciale de l'Algérie a en effet enregistré un excèdent de 6,53 milliards de dollars durant le premier semestre 2010, contre un déficit de 1,16 milliard de dollars durant la même période en 2009 avec des importations en légère baisse, les achats de l'Algérie de l'étranger se sont établies à 19,71 milliards de dollars contre 20,92 milliards de dollars au cours de la même période en 2009, soit une baisse de 5,82%. Une baisse que le gouvernement veut encore accentuer en instaurant dans la LFC une taxe pour l'importation du blé. Ce qui va pousser les importateurs de céréales à réduire leurs achats. Qu'en est-il en matière d'IDE ? Sur ce point, beaucoup de choses ont également été dites. On a accusé la LFC 2009 d'être à l'origine de la baisse des IDE en Algérie en 2009. Voilà que le rapport de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) vient annoncer que pour la première fois après une hausse durant cette dernière décennie, les investissements directs IDE ont baissé de 19% en 2009 en Afrique.La baisse des IDE n'a pas touché uniquement l'Algérie mais tout le continent africain comme c'est le cas dans d'autres pays du monde en raison de l'impact de la crise économique mondiale. A ce sujet, il y a lieu de rappeler que le ministre des Finances a toujours expliqué cette baisse par la crise. Qu'en est –il pour 2010. La formule 49-51% arrivera t-elle à démarrer ? Cette question s'impose sachant que seuls quatre projets d'IDE ont été concrétisés en 2009 selon les chiffres de l'Agence nationale de développement des investissements (ANDI). Apparemment, ça commence à se décongestionner. Alstom déjà présente en Algérie, EADS/Deutschland, Rohde & Schwarz et Carl Zeiss et Macif arrivent en Algérie. Ils vont lancer des projets avec des parts en conformité avec la disposition LFC 2009 en attendant que d'autres partenaires suivent. Là, on sait bien que les intentions sont nombreuses. Concernant les projets annoncés, le français Alstom vient de sceller un partenariat avec l'entreprise métro d'Alger (EMA) pour la création d'une société mixte spécialisée dans le montage de rames de tramway.Etant un partenaire de l'Algérie qui participe depuis des années à la réalisation de nombreux chantiers dans le pays, Alstom a donc accepté de travailler en Algérie dans le nouvel environnement économique. De même pour le consortium d'entreprises allemandes EADS/Deutschland, Rohde & Schwarz et Carl Zeiss qui travailleront désormais avec l'Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE) de Sidi Bel Abbès dans le cadre d'un partenariat annoncé le 11 juillet dernier par le cabinet du Premier ministre. Un partenariat pour la production de systèmes électroniques. Cette fois encore : la règle 51/49% est appliquée en attendant qu'un autre groupe chinois ne vienne sceller un partenariat avec la même entreprises (ndlr l'ENIE) pour la création d'une technopole. Dans ce cas, il est prévu la création d'un cluster électronique sous forme de plusieurs entités spécialisées notamment dans la fabrication des plaques électroniques, des cellules et panneaux solaires, de l'assemblage des téléviseurs à écran plat et LCD et autres produits audio et vidéo ainsi que d'une unité de production d'éléments métalloplastiques et divers centres de recherche-développement, de marketing et de formation.Tout récemment, précisément jeudi dernier, l'arrivée de l'assureur français Macif en Algérie est annoncée. Cette entreprise sera en association avec la Société algérienne des assurances (SAA), la Banque de développement local (BDL) et la Banque algérienne de développement rural (BADR) et détiendra 34% du capital de la société mixte, c'est-à-dire 350 millions de dinars sur le 1 milliard de dollars. Le bal des projets en partenariat est enfin ouvert. Espérons que l'avenir soit encore prometteur surtout que les besoins en investissements, en emplois et en production de richesses sont énormes. S. I.