Photo : M. Hacène De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi En dépit des efforts financiers consentis par l'Etat en vue d'améliorer la qualité des services prodigués aux patients durant leur hospitalisation au niveau des différentes structures de soins, les malades ne sont pas réellement pris en charge. Dès la nécessité d'une hospitalisation confirmée, les citoyens se mettent en campagne pour trouver une connaissance qu'ils pourraient faire jouer pour passer les nombreux écueils administratifs et se garantir une bonne prise en charge médicale et paramédical. L'infirmier, le médecin, le résident, le professeur ou tout autre «autorité» dans le milieu hospitalier est sollicité dans le but de bénéficier d'un bon traitement. Cela est valable pour tous les hôpitaux et tous leurs services, alors que la réglementation établit clairement les règles de la prise en charge des personnes hospitalisées. La déontologie en plus des textes de loi sur la question sont on ne peut plus clairs quant à l'égalité de tous. Mais le favoritisme et autres passe-droits sont toujours en vigueur, pénalisant tous les malades qui n'ont pas leurs entrées dans le milieu médical et dans l'administration hospitalière. Cette situation n'est pas propre à un hôpital ou un autre. Elle est généralisée. Les problèmes commencent dès le seuil de l'hôpital où le malade doit être confronté à une machine qui tourne par à-coups. Les attentes interminables, les va-et-vient d'un service à un autre et l'insensibilité du personnel sont une plaie dont souffrira tout patient qui aurait le malheur de tomber malade. Il est vrai que le CHU Benbadis de Constantine accueille les malades de plus de 10 wilayas de l'Est et du Sud-Est, cependant, il est des gestes, des réflexes et des mécanismes qui doivent faire l'apanage de toute structure de soins, quelle que soit son importance, de la prise en charge médicale à l'hygiène du milieu, en passant par la qualité de l'accueil et le suivi du malade. Mais il n'en est rien.S'agissant de la prévention des maladies et de l'hygiène dans le milieu hospitalier, les services sanitaires se démènent comme ils peuvent pour garantir des hospitalisations sans risques de maladies nosocomiales. Mais le pari est difficile. On pourrait même dire que c'est un pari perdu d'avance quand on sait que le CHU de Constantine est encore à la restauration des sanitaires de ses différents pavillons et que les travaux d'aménagement n'en finissent pas de causer des désagréments, rendant le fonctionnement déjà chaotique de la structure, encore plus difficile. Pour s'en convaincre, il suffit de sillonner les espaces pour relever de visu que l'état des lieux est tout simplement déplorable. En matière de nettoyage, la structure est assez bien pourvue en personnel, assure-t-on, mais l'hygiène ne semble pas suivre. Une tournée dans les différents services de l'hôpital et un simple regard superficiel suffiraient pour constater que les agents affectés au nettoyage ne font pas leur travail consciencieusement, quand ils le font. A ce titre, les responsables se déchargent en attestant que l'hygiène est la responsabilité de tous et qu'il appartient donc à tout le personnel de s'en occuper et travailler à maintenir les services dans une propreté irréprochable.Mais on ne peut rien changer en diluant les responsabilités. Il est vrai que les mentalités doivent changer, mais n'a-t-on jamais vu de mauvais comportements se corriger d'eux-mêmes. Il faut qu'il y ait œuvre de pédagogie. Les responsables, comme leur titre l'indique, ont la charge de sensibiliser, convaincre et, le cas échéant, sanctionner les réfractaires, comme le soulignera un responsable de l'administration. Concernant la literie, l'hôpital a fait des efforts ces deux dernières années en réactivant la blanchisserie, service hautement stratégique dans une structure sanitaire qui se respecte. Ainsi, plus de 20 000 nouveaux draps ont été acquis durant cette période. Mais cette légère amélioration n'a toutefois pas convaincu les malades et leurs familles. On continue d'apporter draps, couvertures, oreillers et taies d'oreillers de la maison. Idem pour la nourriture, malgré les directives de la circulaire du ministère de la Santé de juin 2006 se rapportant à l'interdiction formelle d'introduire dans les structures sanitaires de la literie et l'alimentation. Le personnel et l'administration ferment les yeux parce qu'ils savent que l'hôpital est incapable d'offrir les prestations nécessaires avec la qualité requise, tant pour le confort que pour la nourriture de ses malades. Ainsi, plats cuisinés, fruits, bouteilles d'eau minérale passent le plus normalement du monde tous les écueils et arrivent dans les services où les malades se les partagent en présence des agents et des infirmiers qui ferment les yeux, bien qu'ils sachent que la nourriture extérieure n'est pas toujours indiquée pour le malade qui pourrait être soumis à un régime durant son hospitalisation. «Il est des patients qui font fi du régime auquel ils sont soumis par leur propre médecin. Et la famille, croyant bien faire et par méconnaissance, aggrave davantage leur cas», confirme un médecin. Mais en accouchant d'une directive interdisant l'accès à l'hôpital de la literie et la nourriture venant de l'extérieur sans, au préalable, améliorer les prestations de l'hôpital de manière à ce que le malade n'ait réellement pas besoin de se faire porter ses draps et sa nourriture de la maison, le ministère de la Santé a tout simplement mis la charrue avant les bœufs. La nourriture dans le milieu hospitalier est carrément immangeable et la literie est d'une propreté souvent douteuse. De plus, nutritionnistes et diététiciens sont généralement mal exploités dans nos hôpitaux ou rarement sollicités par les préposés aux fourneaux qui ne sont pas des chefs-cuisiniers, parce qu'un véritable chef préfèrent offrir ses services à un grand hôtel ou restaurant où il est bien mieux payé que dans un hôpital. Ainsi, même si le personnel médical confirme l'interdiction de tout apport alimentaire extra-hôpital, aux horaires des visites on peut voir défiler les couffins au grand dam de la circulaire ministérielle qui nécessite un peu plus de moyens concrets pour sa mise en application sur le terrain. «Le mieux serait de garantir les traitements et médicaments pour sauver des vies et ne pas pénaliser les malades chroniques. Quant à la mesure de juin 2006, son application dépend de l'amélioration des prestations s'y rapportant», estime-t-on dans le milieu hospitalier à Constantine.