Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi À quelques jours du Ramadhan, le marché flambe. Une tradition liée au jeûne qui ne parvient pas toujours à disparaître en dépit des promesses et de l'engagement de l'Etat à réguler des étals en folie notamment en pareille période. Pour l'Union générale des commerçants et artisants algériens, cette hausse des prix est le fruit amer d'un manque de coordination entre les différents secteurs et acteurs se référant aux commerces. «Les institutions officielles et la Chambre de l'agriculture ne se concertent pas couramment pour tracer un programme d'action prévisionnel comme cela se fait dans d'autres pays», a soutenu M. Boulanouar, porte-parole de l'Union nationale des commerçants et artisants algériens, joint hier par téléphone. L'appel de l' UGCAA, qui a introduit une série de rencontres pour sensibiliser les commerçants à appliquer leur marge bénéficiaire sans trop être gourmands, a été ignoré par la majorité des marchés qui ont fait fi des règles. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un petit tour au niveau des souks constantinois. Il est des produits qui ont atteint leur vitesse de croisière en matière de flambée. Ce qui saute aux yeux en premier lieu, ce sont les prix des viandes. Un fait justifié par la demande qui est trop accentuée en raison des fêtes et de l'été. S'agissant de la formule estimée temporaire de l'importation des viandes rouges de l'Inde, notre interlocuteur voit en cette solution un rajout supplémentaire qui bénéficiera aux bouchers. «On ne peut importer une viande congelée et l'écouler à moitié prix de celle qui est fraîche. A notre sens, il faudra impérativement revoir la copie des prix de vente si l'on ne veut pas pénaliser le consommateur», a-t-il soutenu. Le prix des viandes blanches qui a choqué les consommateurs hier n'a cependant pas trouvé une explication du moins raisonnable. «C'est quoi cette mascarade dans les prix?» devait interpeller un citoyen. Une équation difficile à résoudre tant le marché informel sévit, et ce, malgré les menaces de la Direction du commerce et tout son arsenal répressif. Selon l'UGCAA, 60% des activités commerciales relèvent de l'informel. Une gangrène qui nécessite autant d'implication de la part des pouvoirs publics. Revenant aux marchés des fruits et légumes instables depuis ces derniers jours, le porte-parole de l'Union des commerçants attribue cette perturbation à l'absence de marchés de proximité dans pas mal de wilayas et de communes. Ce manque laisse les marchés en gros presque en jachère car les détaillants ne s'y aventurent pas. Ils s'approvisionnent juste dans leur voisinage. Dans ce registre, on ne dénombre pas autant de marchés de proximité à travers les communes nationales. Un pourcentage jugé faible et qui ne fait qu'accroître le spectre de la spéculation et de l'informel. D'ailleurs, c'est dans cette perspective que le gouvernement s'est penché pour mettre fin à la répartition des aliments, et ce, par un programme national de réalisation de 35 marchés outre ceux destinés à la vente au détail et de gros dans le plan quinquennal 2009-2014. Néanmoins pour l'heure «après constat, il s'avère que les APC n'ont pas vraiment activé la procédure pour mener à bien cette mission», s'inquiète l'UGCAA qui met l'accent sur la nécessité d'élaborer des prévisions bien avant le mois de jeûne. Mais force est de constater, à titre d'exemple que Constantine est dotée de pas mal de marchés couverts mais les prix demeurent élevés. Perplexe devant l'instabilité des prix en tant qu'organisation qui veille notamment à la bonne santé des marchands, l'UGCAA entend astreindre les marchés de gros à afficher les prix des produits à trois jours du Ramadhan. Et les commerçants sont tenus d'y rajouter leur marge bénéficiaire entre 20 et 30%. Dans le cas contraire, ce sera du ressort des associations des consommateurs et, par-dessus tout, de la direction du commerce par le truchement de ses brigades mixtes de contrôle de surveiller les espaces de vente. Quoique devant l'incapacité de tout balayer d'un PV, on emploie souvent cette sempiternelle formule de commerce libre, donc de prix pratiqués librement dans une concurrence qui n'a pas encore prouvé sa fiabilité. Au grand dam du dindon de la facture salée, le consommateur.