Le jeûne suggère de penser aux autres, à tous ceux qui ont faim à longueur d'année et qu'on a tendance à ignorer. L'humanisme est censé être au rendez-vous durant ce mois qui est celui de la piété, la générosité et le partage devant faire partie du comportement du jeûneur. Non seulement cela n'est pas évident pour une bonne partie des citoyens, dont le pouvoir d'achat s'est amoindri, mais il est déplorable de voir chaque année se perpétuer des pratiques illicites contraires à l'esprit de ce mois pourtant sacré. Un mois que les commerçants mettent à profit pour saigner de manière impitoyable leurs coreligionnaires, tout en affichant leur foi. Alors que le niveau de vie des citoyens a connu ces dernières années une nette régression et que les populations défavorisées sont en augmentation, des opérations de solidarité, initiées chaque année durant le mois de Ramadhan, viennent à la rescousse de ces familles démunies de tout moyen qui leur permettrait d'accéder ne serait-ce qu'à l'essentiel. Il faut reconnaître que le Croissant-Rouge algérien (CRA) mobilise tous les moyens humains et matériels pour assurer un repas aux nécessiteux. Ses locaux sont devenus des lieux incontournables pour ceux que les aléas de la vie ont un jour marginalisés ou dépouillés. Ils sont sûrs de trouver place à une table ou d'avoir de quoi nourrir les leurs lorsque, gênés d'avoir à étaler leur dénuement, ils préfèrent bénéficier d'une aide dans la discrétion. Le mérite revient en partie à ces personnes qui, faute de pouvoir contribuer financièrement à procurer un peu de joie aux démunis, donnent de leur être et de leur temps. Armées de leur mansuétude et de leur esprit bénévole, elles se dévouent chaque jour aux sans-logis et aux sans-moyens qu'elles soulagent un tant soit peu de leur peine. On aura constaté que la solidarité fait désormais partie du mois de Ramadhan, les déshérités n'ont pas d'autre alternative que de s'attendre au soutien matériel des pouvoirs publics pendant le mois de jeûne qui, pour eux, ne diffère pas beaucoup des autres mois de l'année. Le ministère en charge de la Solidarité est très présent durant cette période à travers des opérations d'aide, tout comme les municipalités qui investissent, elles aussi, dans ce créneau social. Le couffin destiné aux familles défavorisées fait désormais partie des habitudes, des enveloppes budgétaires sont consacrées au soutien de cette frange que le sort n'a pas gâtée. Il est toutefois malheureux de constater que le désarroi de ces populations est honteusement exploité au niveau des APC à travers l'octroi de couffins chargés de denrées et de victuailles à d'indus bénéficiaires, généralement des employés de mairie. Des pratiques qui avilissent leurs auteurs dont le propre n'est pas de compatir à la misère des autres, du moins lorsqu'on ne peut pas leur être d'un quelconque secours financièrement. R. M.