Il aura fallu six jours de négociations serrées pour aboutir à un espoir pour l'avenir immédiat du Liban. La majorité libanaise et l'opposition sont enfin parvenues hier à Doha à un accord de sortie de crise, repoussant ainsi le spectre d'une guerre civile menaçant le pays du Cèdre. Dans le sillage de l'accord, un nouveau président libanais sera élu dimanche prochain. Un poste qui sera dévolu assurément à Michel Sleimane, commandant en chef de l'armée. Ce dernier, malgré des réserves des deux côtés, reste le plus consensuel. La présidence de la République est vacante depuis le départ en novembre 2007 d'Emile Lahoud, à la fin de son mandat. La séance du Parlement chargée d'élire son successeur a été reportée à 19 reprises et ce, depuis septembre 2007. Un état de fait inédit et qui alimentait inlassablement la crise enclanchée fin 2006 avec la démission des six ministres de l'opposition en protestation contre les agissements du gouvernement Siniora. L'entente entre les frères ennemis est considérée également comme un succès de la diplomatie qatarie dont le pays a servi de médiateur lors des pourparlers. L'accord de Doha comprend aussi une clause interdisant à l'avenir tout recours aux armes pour des raisons politiques. La réactivation des institutions semble être la priorité des priorités. A Beyrouth, c'est sous les applaudissements que le sit-in observé depuis fin 2006 dans le centre-ville par l'opposition est levé dès l'annonce de l'accord. En signe de protestation contre le gouvernement, l'opposition avait dressé fin 2006 des tentes tout le long des routes menant au bâtiment abritant le gouvernement. Les réactions sur l'accord ne se sont pas fait attendre. La crise politique libanaise, qui avait dégénéré le 7 mai en affrontements sanglants entre les deux camps politiques antagoniques avec un bilan de 65 morts, trouve enfin une issue. En visite à Manama, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al Mouallem, a immédiatement salué l'accord. Ce dernier prévoit encore la mise sur pied d'un gouvernement d'union nationale de 30 membres, dont 16 représenteront la majorité et 11 l'opposition. Cette dernière obtient de ce fait la minorité de blocage qu'elle réclamait. Les trois ministres restants seront nommés par le Président. Une autre clause de l'accord porte sur la question de la loi électorale. Un point crucial dans l'optique des élections législatives du printemps 2009. L'accord prévoit à ce sujet un retour à la loi électorale de 1960, qui n'était plus en vigueur, avec un nouveau découpage des trois circonscriptions que compte la capitale libanaise. Majorité et opposition cherchent à s'assurer le plus grand nombre possible des 19 sièges de la capitale au Parlement, qui compte un total de 128 députés. Après la signature de l'accord, Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, a tenu à affirmer qu'il n'y avait «ni vainqueurs ni vaincus». Commentant l'accord d'étape, il parlera de «journée historique» et d'«un document qui donnera un nouvel élan au Liban». M. B.