Alors que le doute s'installe sur l'arrêt des combats russo-géorgiens, La France et la Russie ont proposé hier un plan ensix points pour résoudre le conflit entre les deux parties. Ce plan, présenté hier à Moscou par le président français Nicolas Sarkozy et son homologue russe, Dmitri Medvedev, prévoyait le retour des belligérants à leurs positions d'avant les hostilités. Les parties doivent s'engager à ne pas « recourir à la force », à « cesser les hostilités de façon définitive », assurer un « accès libre à l'aide humanitaire » ; les forces militaires géorgiennes doivent retourner « dans leur lieu habituel de cantonnement », tandis que les forces russes doivent se retirer « sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités », a déclaré M. Sarkozy lors d'une conférence de presse commune avec M. Medvedev à Moscou. Le sixième point prévoit « l'ouverture de discussions internationales sur le statut futur et les modalités de sécurité durable en Abkhazie et en Ossétie du Sud », les deux territoires séparatistes pro-russes en Géorgie. La Russie, par le biais de son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, avertit déjà qu'elle sera contrainte de prendre de nouvelles « mesures » contre la Géorgie si celle-ci rejette ce plan de paix. Il reste que les Américains n'ont pas dit leur mot sur ce plan et la réunion extraordinaire Otan-Russie qui devait se tenir hier sur ce conflit a été annulée. Et pour cause : les Américains n'ont pas assisté à une rencontre préparatoire, selon le porte-parole du représentant permanent de la Russie auprès de l'Otan, Dimitri Rogozine. La réunion extraordinaire a été annulée du fait « de la position américaine », a-t-il ajouté. Information confirmée par une porte-parole de l'Otan qui a dit que « la réunion ne se tiendra pas ce jour. Mais le conseil poursuit ses consultations pour déterminer quand cette réunion pourra se tenir ». Pour sa part, la ministre géorgienne des Affaires étrangères Eka Tkeshelashvili a annulé le même jour son déplacement à Bruxelles, « à cause de la situation sur le terrain en Géorgie », où elle devait rencontrer le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer, selon un porte-parole de l'ambassade de Géorgie. « A cause de la situation sur le terrain en Géorgie, elle a été obligée d'annuler la visite », a déclaré le porte-parole. Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a estimé que l'annonce de l'arrêt de l'offensive russe en Géorgie est « un pas important mais insuffisant ». Il se dit, par ailleurs, persuadé que la Géorgie rejoindra « un jour » l'Alliance malgré les critiques de Moscou. « ça sera une bonne nouvelle si c'est confirmé sur le terrain », a commenté M. de Hoop Scheffer, lors d'une conférence de presse au siège de l'Otan à Bruxelles, à l'issue d'une réunion des ambassadeurs des pays de l'Alliance. « L'Otan espère que les informations sur un cessez-le-feu sont vraies », a encore tempéré le secrétaire général de l'Otan. Il a, en outre, jugé qu'un retour au statu quo était nécessaire. « L'usage excessif, disproportionné de la force par la Russie a été condamné et déploré par le Conseil » de l'Atlantique Nord, où siègent les représentants des pays de l'Otan, a dit M. Hoop Scheffer. « C'est la raison pour laquelle un cessez-le-feu est si important », impliquant une cessation des hostilités « immédiate », a-t-il ajouté. Les ambassadeurs de l'Otan ont pour leur part réclamé « une cessation immédiate des hostilités, un retour au statu quo d'avant le 6 août et un plein respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie », l'Abkhazie et l'Ossétie faisant partie de la Géorgie, selon les pays de l'Alliance. « La Géorgie est un partenaire respecté et un ami et un jour la Géorgie rejoindra l'Otan », a par ailleurs déclaré le chef de l'Otan, alors que cette perspective est vivement rejetée par Moscou. Ce qui amène un responsable russe à accuser l'Otan de prendre partie pour la Géorgie. Le président Sarkozy a estimé, au début d'un entretien avec son homologue Dimitri Medvedev au Kremlin, qu'« il est parfaitement normal que la Russie veuille défendre ses intérêts ainsi que ceux des Russes en Russie et des russophones à l'extérieur de la Russie ». « Il est normal également que la communauté internationale veuille garantir l'intégrité, la souveraineté et l'indépendance de la Géorgie », a-t-il ajouté. M. Sarkozy a assuré que l'Union européenne était « disponible » pour participer à une force de paix en Géorgie. Le président Medvedev a ordonné hier la fin de l'opération militaire russe en Géorgie. Les forces russes ont arrêté leur progression, mais vont rester sur les positions qu'elles occupent, selon le commandement russe. Tbilissi confirme que les forces russes ont arrêté leur progression, mais précise que la Russie continue le bombardement de villages géorgiens. Moscou accuse des unités géorgiennes de tirer « de façon sporadique ». Pendant ce temps, la Maison-Blanche vérifie si les attaques russes sont bien arrêtées. La Géorgie annonce le retrait de leurs forces des gorges de Kodori et quitte la communauté des Etats indépendants.