Le profil bas adopté par les médias au lendemain de la défaite face aux Gabonais renseigne, on ne peut mieux, sur les vains espoirs entretenus autour d'une équipe qui n'a jamais convaincu depuis les premiers montages, les essais, les corrections. La raison ? Elle est simple, elle réside dans tous les choix possibles autour de la sélection nationale. Qu'ils soient administratifs, techniques et/ou de relais, toutes natures confondues. Le paradoxe résiderait en le fait que tout le monde semble tout savoir au lendemain de la défaite pour retomber dans une amnésie assassine à la première victoire et parfois même à un misérable partage des points. Evacué donc l'exploit de Gijon pour vivre jusqu'à l'usure de la victoire contre la Côte D'ivoire en Coupe d'Afrique des nations et le point pris aux Anglais en Afrique du Sud. Est toutefois venue cette confrontation face au Gabon pour laquelle le sélectionneur national, semblerait-il, n'était pas prêt et pour qui elle «venait au mauvais moment parce que les joueurs…», et Saadane d'entrer dans des démonstrations technico-scientifiques dont il est le seul à détenir le secret alchimique.En fait, Saadane n'est jamais prêt, n'a jamais été prêt et ne le sera jamais. Nous n'avons à aucun moment cessé, depuis ces deux dernières années, de soutenir que la réussite de l'EN ne s'est faite qu'à la faveur d'un concours de circonstances heureuses. Une succession d'évènements heureux et conjoncturels qui rendent tout facile et accessible. En Coupe d'Afrique des nations, le coach est passé au second tour avec une équipe qui a marqué un (1) but, en a encaissé trois (3) et réalisé un nul heureux pour ne pas dire combiné avec la sélection du pays organisateur. Le match contre les Ivoiriens a aidé à faire passer la pilule aux exégètes du football national et contribué donc à tous les acteurs concernés gravitant autour de la sélection nationale à entretenir l'illusion, et ce faisant, de perpétuer l'amnésie générale avec l'idée qu'un succès, aussi mitigé et aussi chaotique serait-il, face aux Egyptiens remettrait les choses dans l'ordre et l'équipe nationale sur orbite. Ce ne sera pas le cas et la déculottée enregistrée contre des Egyptiens incontestablement meilleurs que les Algériens, par ailleurs, depuis les tours préliminaires combinés CAN-CM est vite amortie par l'entourage de l'EN et «intelligemment» mise sur le compte de l'arbitre. Lequel, est-il toutefois honnête de le concéder, est passé à côté de son sujet sans que cela ne diminue quoi que ce soit à la victoire égyptienne et sa suprématie. Là, également, la tactique de Saadane s'est soldée par une différence d'un seul petit but dans la mesure où, pour une fois que sa ligne offensive est arrivée à beaucoup marquer, sa défense en a également beaucoup encaissé. La raison ? Des schémas tactiques au petit bonheur la chance. En Afrique du Sud, enfin, Saadane avec beaucoup d'aplomb était persuadé qu'au même titre que les autres équipes, sa sélection nationale détenait des chances égales de passer au deuxième tour. Sans doute sauf que pour mettre en pratique ses théories, il devait au minimum intéresser ses joueurs à aller de l'avant, marquer des buts et éviter d'en encaisser ou du moins de peu encaisser. L'équipe nationale, comme il fallait s'y attendre, n'a pas marqué et, a contrario, a encaissé. Passer au tour suivant en ne marquant pas de but, ne voilà-t-il pas une astuce, un trait de génie que d'aucuns parmi les plus grands coaches du monde gagneraient à connaître le secret. Dans deux semaines, il y aura la Tanzanie que la sélection algérienne peut battre, mais une victoire ne ferait que répéter l'histoire et accorder un autre sursis au sélectionneur national, alors que tous les arguments de nature à prouver que ses limites sont largement cernées aujourd'hui plaident pour un sursaut des responsables au niveau des instances sportives nationales. Un sursaut qui recommanderait de sauver la demeure avant que, de nouveau, le péril ne la rase. Saadane dit toujours assumer ses responsabilités. Mais c'est vrai qu'il n'est pas dans la peau du coach coréen qui a raté sa Coupe du monde en Afrique du Sud. Il y a heureusement dans ce funeste décor un élément qui ne s'est pas trompé : le public. Le parcours de l'EN au dernier Mondial l'a enfin édifié sur la réalité. A. L.