Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug Les Verts ont subi une nouvelle déroute. Une défaite par deux buts à un, face à une équipe du Gabon, solide, structurée mais loin d'être un foudre de guerre. Après une longue journée de jeûne, les quelques vingt mille supporters qui se sont déplacés sont restés sur leur faim. Fidèle à sa cadence arythmique, l'équipe nationale démontre, encore une fois, son incapacité à tenir un niveau de jeu précis. La faute à qui ? C'est la faute à pas de chance. Depuis des mois, la hantise des fans des Verts n'est pas seulement le schéma tactique, ou la puissance de l'adversaire, mais aussi l'état de santé et de préparation de nos joueurs. A chaque stage d'avant un rendez-vous important, les annonces de blessure ou d'indisponibilité des joueurs font jaser. Untel pilier de l'attaque souffre du manque d'heures de compétition dans les jambes, tel autre est incertain pour la rencontre, un troisième souffre de problèmes personnels ou d'états d'âme… Ainsi, mercredi dernier, ce ne sont pas moins de 6 joueurs qui n'ont pu participer à la rencontre. Soit plus de la moitié de l'équipe. Medhi Lahcen (Racing Santander-Esp) en rééducation, Abdelkader Laïfaoui (ES Sétif) libéré pour un match officiel avec son club, Antar Yahia (Bochum Allemagne), suspendu pour le match face à la Tanzanie, Halliche sur le banc de touche, Karim Ziani souffrant de contracture au niveau de l'aine, et Matmour blessé. Finalement, heureusement qu'il ne s'agissait que d'un match amical. Ce qui pourrait paraître un manque de chance ici devient presque routinier dès qu'il s'agit de l'EN. Qu'un ou deux joueurs importants de l'effectif se retrouvent hors d'état de participer à une rencontre n'a rien d'étonnant, mais que cela se reproduise à l'approche de chaque rendez-vous… Et puis le nombre de blessés reste inquiétant. On se rappelle tous les quelques semaines d'angoisse qui ont précédé la participation algérienne à la Coupe de monde en Afrique de Sud en juin dernier. L'infirmerie de l'équipe n'a pratiquement pas chômé. Les médecins des Verts ne savaient plus où donner de la tête. A l'époque, l'argument phare pour expliquer la mauvaise santé des joueurs était les fins de saison difficiles, et la non-titularisation de certains joueurs dans leurs clubs respectifs. Cette fois, avant la rencontre de mercredi dernier, le sélectionneur national a animé une conférence de presse durant laquelle il s'exprima en des termes peu rassurants. On est presque tenté de dire : comme d'habitude. Comme lors de ses déclarations pendant la Coupe du monde, l'équipe est toujours en préparation de quelque chose (même durant le Mondial), donc jamais au top de son niveau. «Face au Gabon, le résultat importe peu [il avait raison, l'EN a perdu par 2 buts à 1]. Nous allons, en revanche, faire tourner l'effectif et faire jouer le maximum de joueurs pour jauger leur forme et voir de quelle manière nous allons les utiliser face à la Tanzanie [entrant dans les qualifications pour la CAN 2012]», annonçait Rabah Saadane, jugeant qu'actuellement ses joueurs ne sont pas à leur meilleur niveau. Mieux, le sélectionneur national projette carrément ses appréhensions sur la rencontre du 3 septembre prochain. «Le mois de septembre a toujours été difficile pour les joueurs et équipes algériens, car c'est une période de transition» «L'équipe ne peut pas être en grande forme durant ce mois-ci», décrétait-il. Ça, c'est de l'optimisme. D'autant que le premier grand objectif convenu entre le sélectionneur et le président de la FAF est la qualification à la CAN 2012. A entendre ces déclarations, certains se demandent à quoi servent des préparateurs physiques et quel est le rôle exact d'un sélectionneur national, si ce n'est de trier les joueurs les plus affûtés physiquement et de rétablir ceux qui sont en difficulté. Ces aptitudes physiques figurent bel et bien dans les critères de sélection, ou alors l'Algérie souffrirait-elle d'un tel manque de joueurs professionnels que le moindre qui se présente, même si sa forme laisse à désirer, est vite compté au nombre des recrues ? Le fait est que la plupart des joueurs sélectionnés jusqu'à présent dans l'EN ne sont pas toujours titulaires dans leurs clubs respectifs est déjà un handicap pour les Verts. Mais loin de minimiser leur apport au groupe, et au lieu de s'acharner à critiquer leur forme, un véritable travail de réflexion et de concertation devrait être entrepris pour trouver un palliatif à cette situation. Prévoir autant de stages que le calendrier FIFA le permette, mettre des préparateurs physiques à la disposition des joueurs, continuer à prospecter de nouvelles recrues plus en jambes… Cette année, l'Algérie a fait parler d'elle sur la scène footballistique mondiale. Elle est devenue une cible sur le continent africain, tout comme les quatre autres participants à la Coupe du monde 2010. Une des équipes à battre. Et M. Saadane le sait, il l'a d'ailleurs dit. Donc, aucun crédit ne lui sera accordé par ses adversaires. Exit l'effet de surprise. Maintenant, les Verts doivent confirmer leur statut de mondialistes.