De notre correspondant à Annaba Nasser Hannachi Bien qu'organisée depuis longtemps en matière d'abattage et de conditionnement, la filière avicole à Constantine continue d'être empiétée par ces éleveurs dits clandestins. Et aucune statistique fiable sur leur présence ne permet de mesurer l'impact de la perturbation de cette filière. Autrement dit, d'accoucher de données fiables sur les capacités du marché en matière de production. D'où un déséquilibre qui ne fait pas le bonheur des artisans homologués et respectant le règlement, mais lésant les consommateurs. Qui décide du prix de cession des viandes blanches dans différents points de vente, qu'ils appartiennent aux détaillants ou aux grossistes ? Toutefois, quelle est la capacité réelle de production des aviculteurs actifs répartis à travers la circonscription et répond-elle à la demande sans prendre en considération l'abattage des poules au noir ? Voilà deux questions qui méritent bien d'être posées malgré une réticence et un flou qui caractérisent leurs réponses notamment. Les pouvoirs publics habilités à réguler et mettre fin à l'anarchie qui gangrène ce marché, alors que c'est le Ramadhan, se voient à chaque fois confrontés à cette problématique du marché parallèle qui brouille les cartes aux volailleurs réglementés par des cahiers des charges propres à l'activité. L'abattage clandestin des volailles constitue le grain de sable dans les couveuses des opérateurs certifiés par l'Etat et l'inspection vétérinaire de la wilaya. «On ne peut pas établir de réelles statistiques sur les volailles tant que la production émanant des éleveurs clandestins se maintient», devait nous confier le président de l'Association de la défense de la profession, M. Talhi, accusant ces pseudo-producteurs d'utiliser des bâtiments loin de répondre aux normes de l'élevage et dont la conformité du produit n'existe pas. «C'est leur présence qui crée un déséquilibre dans le marché», soutient notre interlocuteur. A Constantine, la filière regroupe plus de 240 aviculteurs qui travaillent selon la réglementation. Ils attendent leurs contrats avec les abattoirs, comme décidé par le gouvernement. Si Oum El Bouaghi à l'Est aura peaufiné cette option, il n'en est rien à Constantine. L'association s'impatiente de voir leur production prise en charge, voire vendue comme cela était certifié par la tutelle. C'est-à-dire les abattoirs réglementés prendront le relais pour la garantir aux consommateurs et par ricochet éliminer les viandes blanches abattues dans des conditions d'hygiène douteuses et alarmantes. Par ce système triangulaire, comme l'appellent communément le gouvernement et les producteurs éleveurs, les consommateurs seront prémunis contre toute perturbation dans les prix et les opérateurs éviteront d'éventuelles pertes conformément à ces contrats qui stipulent la prise en charge de l'excédent de production. «On devrait vendre avant de produire… c'est une garantie étatique qui met en confiance toute la chaîne et barre la route aux barons du noir», se félicite le président de l'association. Sur un autre plan, des sources concordantes mettent en relief les conditions dans lesquelles les éleveurs clandestins veillent sur leur production. «Généralement, cela se passe dans des serres en plastique dont l'hygiène laisse à désirer, ce qui n'est pas sans conséquence sur la santé globale des poules», explique notre source. Mais qui sont ces éleveurs qui font fi de la loi et ne veulent pas investir dans la légalité ? Difficile de répondre à cette question sur laquelle même les services concernés font l'impasse. «C'est un big boss qui a la mainmise sur ce marché», lâche M. Talhi. Sans nous fournir le nombre exact des éleveurs qui travaillent sous sa coupe, il lance un appel aux pouvoirs publics pour anéantir cette traçabilité au noir de volailles souvent proposées «vives» ou abattues dans des lieux insalubres. Ce qui porte atteinte considérablement aux marges bénéficiaires des engraisseurs autorisés. «A maintes reprises, on a soulevé ce problème. Aucune voie concrète n'est venue ôter cette mainmise clandestine sur le marché», déplore le coordinateur avant de conclure : «Les responsables du secteur devraient réactiver davantage les contrats d'intégration élaborés par le ministère, comme il importe de revoir la réhabilitation des bâtiments.» Signalons enfin qu'il existe à Constantine et dans ses municipalités 14 abattoirs avicoles agréés et 6 autres particuliers. 69 bâtiments sont destinés à la poule pondeuse d'une capacité de 26 300 sujets et 20 autres pour la production de poulets de chair d'une capacité de 158 000 sujets. 4 couvoirs sont opérationnels notamment à Salah Bey (commune de Aïn Abid), le plus grand se situe à Aïn Smara.