La demande pétrolière est tirée vers le haut par une reprise, fût-elle timide, de l'économie mondiale, c'est le constat relevé par l'Agence américaine d'information à l'énergie (EIA), l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'OPEP. Les trois organismes se rejoignent ainsi sur l'évolution de la demande mondiale de brut. L''organisation des pays producteurs de pétrole table désormais sur une hausse d'un million de barils (+ 100 000 b/j par rapport à la précédente estimation) de la consommation mondiale de pétrole en 2010 à 85,5 millions de barils de pétrole par jour. C'est mentionné dans le dernier rapport en date qu'elle a établi et rendu public à Vienne. Et ce seraient l'Asie, vorace en matière de consommation d'énergie, et les pays de l'Amérique du Sud qui feraient augmenter cette demande. La croissance de la demande devrait être tirée par la Chine, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Amérique latine. L'OPEP garde également ses prévisions inchangées pour 2011 et mise toujours sur une consommation mondiale de 86,56 millions de barils de pétrole par jour, en hausse de 1,2% par rapport à 2010. Est-ce un optimisme démesuré ? L'organisation viennoise semble avoir placé sa confiance dans la reprise de l'économie mondiale, malgré le fait que les Etats-Unis risquent d'être affectés par une récession et que la zone euro soit affaiblie par une mauvaise gestion de dettes publiques et des déficits dans nombre de pays européens, la Grèce en tête. Et c'est à la lumière de toutes ces données que l'OPEP va examiner le marché, l'évaluer et décider des mesures qui s'imposent. Elle le fera à l'occasion de la prochaine conférence ministérielle ordinaire attendue début octobre en Autriche. Son offre tourne officiellement aujourd'hui autour de 24,84 millions de barils par jour, ce qui est a priori suffisant pour maintenir équilibrés les marchés pétroliers. Aussi, tout porte à croire qu'elle ne va pas la modifier.L'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) a, elle, légèrement relevé sa prévision de croissance de la demande pétrolière mondiale pour cette année et l'an prochain, les marchés émergents devant tirer à la hausse la consommation de pétrole et compenser l'essoufflement de la reprise économique américaine. Même tonalité également du côté de l'EIA. Celle-ci, dans son rapport mensuel publié mardi dernier, a relevé de 10 000 barils par jour (b/j) son estimation pour 2010 et table désormais sur une hausse de 1,57 million b/j, à 85,91 millions b/j. L'agence a aussi porté à 1,51 million b/j son anticipation de croissance de la demande pour 2011, à 87,42 millions b/j, soit 40 000 b/j de plus que sa précédente prévision. Les trois organismes mettent en relief les mêmes facteurs haussiers, ce sont les marchés émergents, comme la Chine, l'Arabie saoudite et le Brésil, qui devraient constituer les principaux moteurs de cette croissance. De fait, rien que pour la Chine, l'agence a relevé de 80 000 b/j sa prévision de croissance de la demande pétrolière, cette année, à 650 000 b/j, et de 10 000 b/j, celle de 2011, à 560 000 b/j. Du côté des pays industrialisés, seuls les Etats-Unis devraient enregistrer des gains significatifs de leur consommation de pétrole cette année et l'an prochain, avec une croissance d'environ 150 000 b/j pour chacune des deux années. «Ceci inverse la tendance de baisse de la consommation des quatre dernières années», souligne l'EIA. La hausse de la demande devrait se répercuter sur les marchés pétroliers. D'autant plus que l'écart entre la demande mondiale d'or noir et l'offre disponible devrait se creuser de 90 000 b/j cette année et devrait être de 320 000 b/j l'an prochain, selon l'agence. Le rapport de l'EIA est le premier des trois réalisés par les plus importants organismes pétroliers. En règle générale, les prévisions de l'EIA sont plus pessimistes que celles de l'AIE et plus optimistes que les anticipations de l'OPEP. Pendant ce temps, les cours du brut continuent leur mouvement de yo-yo. Après avoir atteint des pics de 81 dollars, ils sont retombés à 75 dollars. Les prix du pétrole ont baissé pour la quatrième séance d'affilée vendredi dernier, pour l'exemple, à New York, sur un marché toujours inquiet du ralentissement du rythme de la reprise économique et de ses conséquences sur la consommation d'or noir. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre a terminé à 75,39 dollars, en recul de 35 cents par rapport à la veille. Il accumule désormais une perte de plus de six dollars, soit 7,5%, sur les quatre dernières séances. Cette volatilité, les pays pétroliers s'en inquiètent, mais ils essayent de la gérer. Y. S.