De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Charmante, mystérieuse, baroque, attachante… Constantine cumule vestiges historiques et richesses patrimoniales qui en auraient fait une destination touristique s'ils avaient été exploités. Constantine, Cirta, ville des Ponts, ville du Rocher, l'île volante… quand on a autant de noms, on ne peut qu'attirer curieux, aventuriers, historiens, artistes et touristes, pour peu que ceux qui sont chargés de promouvoir l'image de la ville fassent leur travail. Mais il n'en est rien. Le secteur est mis en veilleuse. Le tourisme est en berne dans cette cité millénaire. Sur le terrain, les agences de voyages sont absentes. Elles travaillent en fait sur d'autres produits et dans d'autres régions du pays ou à l'étranger, arguant à chaque fois le manque d'infrastructures dans cette wilaya.Désertés à longueur d'année si ce n'est à l'occasion d'un clip, d'un reportage ou d'une visite officielle, les sites touristiques de Constantine attendent d'être exploités et rentabilisés de manière optimale, comme cela se fait partout ailleurs dans le monde. L'attente dure encore et toujours. Constantine ne reçoit pas de touristes, si l'on excepte les quelques nostalgiques d'outre-mer que l'on voit durant la saison du muguet sillonner les artères anciennes de la médina en poussant souvent, à la vue de l'état dans lequel se trouve la ville, de grands soupirs de dépit… Mais cette poignée de visiteurs s'apparente à l'hirondelle, qui ne peut seule faire le printemps.Cet état de fait éclaire davantage sur la réalité lamentable du secteur touristique dans la ville de Constantine qui pourtant a bien besoin de le voir développé. Car, à n'en pas douter, l'essor du tourisme contribuera de manière prépondérante au développement de la wilaya.Ainsi, ce n'est pas l'avènement du mois sacré de Ramadhan en pleine saison estivale qui peut gêner un tourisme local quasi inexistant. Un inventaire des infrastructures touristiques nous montre que Constantine n'est pas du tout prête à recevoir des touristes. Le décompte des hôtels est vite fait : ils sont deux, Panoramic et Cirta, à accueillir les quelques visiteurs qui seraient obligés de passer une nuit à Constantine. La chaîne Accor projette de livrer deux hôtels, Ibis et Novotel, fin 2010, selon les responsables locaux.«Il est vrai que le mois de Ramadhan nous a habitués à enregistrer une baisse de 30% en ce qui concerne le chiffre d'affaires. Mais ce déficit devrait être récupéré sitôt la seconde semaine entamée», devait nous dire le directeur de l'Entreprise de gestion touristique (EGT) Est, M. Boudraa. Pour maintenir du moins l'équilibre financier de ces deux infrastructures hôtelières, le responsable organisera comme d'habitude des soirées musicales à compter de cette semaine notamment à l'hôtel Cirta. Il soulignera à ce propos : «Nous envisageons de programmer deux soirées par semaine et ce, jusqu'à la fin de ce mois de carême. Le maalouf sera à l'honneur évidemment.» L'hôtel Panoramic devrait pour sa part se contenter d'une soirée par semaine pour ne pas déranger les équipages d'Air Algérie qui y résident.Dans le sillage de l'hôtellerie, notre interlocuteur, pour faire face à la rude concurrence qui ne manquerait pas de s'établir avec l'ouverture des deux hôtels en construction, assurera que ses services se préparent à cet effet pour rester présents sur la scène et proposer «un produit» élégant traduit en chambres et prestations. «Après la réfection de l'hôtel Cirta, les travaux se poursuivent pour améliorer et réhabiliter les 76 chambres de l'hôtel Panoramic», dira-t-il.Sur un autre plan, les visiteurs de la wilaya sont déçus. Cette région comme toutes les régions côtières du pays, s'est vue lésée par le raccourcissement de la période des vacances. Quant à la ville, elle repousse ses visiteurs, notamment en cette période de grandes chaleurs. Elle n'offre aucune commodité à ses invités… La majorité des passants et les résidents attendent de voir cette ville s'équiper de piscines, d'aquaparcs et autres lieux de détente dignes de ce nom qui leur permettraient de meubler leur temps de repos. Mais rien ne vient. Le sort du tourisme local semble avoir été scellé par le manque d'imagination et d'initiatives des responsables. Aucune commission ou comité n'active en ce sens pour essayer de se pencher sérieusement sur ce manque flagrant affectant la ville des Ponts qui ne fait plus aucun effort pour dissimuler ses tares. La capitale de l'Est demeure l'oubliée des grands investissements en matière touristique. Même si elle n'a pas de façade côtière, Constantine aurait bien pu trouver des palliatifs qui, savamment exploités, feraient oublier l'absence de la mer.Retardée par la résorption de l'habitat précaire et engagée sur plusieurs fronts pour rattraper un tant soit peu son retard accumulé depuis des lustres, Constantine n'a pas trouvé le temps de se pencher sur le tourisme. «Les responsables du secteur se limitent à compter les nuitées à chaque clôture de la saison estivale. Ils oublient que la majorité des étrangers ou nationaux y transitent non pour une visite mais pour affaires…» soutiennent des cadres en connaissance du volet et qui envient les autres wilayas ayant bénéficié d'infrastructures de haut standing alors que cette contrée devrait se contenter de… miettes. Pourtant, les assiettes de terrain existaient au moment où des projets d'envergure démarraient dans d'autres circonscriptions du pays. En fait, le tourisme est demeuré la victime en l'absence d'une stratégie globale de propositions et de concertation avec les compétences avérées dans ce domaine.