Photo : Riad Par Hasna Yacoub Hausse des prix, pénurie de lait, craintes pour le pain, coupures d'eau... Le mois de Ramadhan se déroule dans un climat assez tendu face à la multiplication de difficultés qui s'ajoutent à la forte chaleur et au jeûne. Les Algériens semblent, au bout d'une dizaine de jours de jeûne, déjà, vidés. Tout le pays fonctionne au ralenti pour ne pas dire qu'il est à l'arrêt. Les citoyens, boudant leur lieu de travail, sont dans les marchés quand ils ne sont pas en train de dormir. Car, en ce mois sacré, les jeûneurs se permettent tous les excès culinaires. Et durant ce mois de toutes les tentations, les petites bourses se retrouvent vite en difficulté d'autant qu'elles sont saignées au quotidien par les commerçants véreux. Ces derniers ont continué cette année encore et en toute impunité de pratiquer leur diktat en augmentant les prix de tel ou tel produit et en créant la pénurie de tel autre. Même l'opération lancée par l'Etat pour la régulation du prix de la viande congelée a été un grand flop. En annonçant l'inondation du marché en viande rouge importée de l'Inde au prix de 400 à 500 DA le kilo afin de contenir la forte demande sur ce produit - caractérisant toujours l'arrivée du mois de Ramadhan- et maîtriser son prix, l'Etat a compté sans la polémique qu'a suscitée l'origine de cette viande importée et les rumeurs faisant état de risques sur la santé du consommateur. Cette situation a produit exactement l'effet inverse souhaité par l'Etat et les prix de la viande fraîche ou congelé locale ont connu une hausse assez importante durant ces premiers jours de Ramadhan. De manière générale donc, le marché est resté complètement incontrôlé et les organismes censés protéger les consommateurs ont continué de se cacher derrière «la loi du marché libre» pour justifier leur inefficacité. Les mesures prises par le gouvernement pour protéger le consommateur se sont avérées inefficaces pour lutter contre l'ampleur des ramifications des trafiquants en tout genre qui pullulent dans les marchés et les réseaux de stockage et de distribution à l'échelle de tout le pays. Même si le ministre du Commerce a assuré, dernièrement, qu'un dispositif a été mis en place pour protéger le consommateur et que ce dernier repose sur trois axes principaux, à savoir l'observation du marché quant à son approvisionnement et aux prix, l'information et la sensibilisation et le contrôle et la répression des fraudes. En attendant cette régulation, le citoyen devra trouver des ressources pour faire face aux prochaines dépenses qui s'annoncent très coûteuses avec les gâteaux et les vêtements à acheter pour la fête de l'Aïd mais aussi et surtout avec les grandes dépenses de la rentrée scolaire. D'ici là, dans une vingtaine de jours, les Algériens devront éviter de conjuguer le Ramadhan aux querelles quotidiennes et à la mauvaise humeur. Ils devront surtout éviter les excès de vitesse sur les routes qui ont déjà causé depuis le début de ce mois, près de soixante-dix morts.