Photo : M. Hacène De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Le passeport (y compris pour un Algérien résidant sur le territoire national), la carte d'identité nationale accompagnée d'une empreinte digitale, une copie du permis de conduire, un chèque vierge, une caution… les agences de location de voitures ne savent plus qu'inventer pour se protéger contre des clients jugés à risques. Et si elles acceptent de négocier le montant de la caution ou le tarif de location, elles ne transigent pas sur ces documents de garantie : «Nous avons eu beaucoup de mauvaises surprises. Des jeunes qui utilisent nos véhicules à des desseins inavouables avant de se retrouver devant la justice et nos voitures en fourrière. En ce moment même, deux de mes véhicules sont saisis par les services de sécurité et je suis obligé d'attendre la tenue des procès des clients pour espérer récupérer mon bien. Donc, oui, nous faisons très attention pour nous mettre à l'abri!» explique un des agenciers d'Oran sans cependant trop s'attarder sur les détails. La dégradation des mœurs de ces vingts dernières années, l'augmentation de la criminalité et des trafics en tous genres, la hausse du nombre des accidents de la circulation, le niveau de conduite insuffisant des automobilistes justifient à eux seuls la prudence des agences de location de voitures, soucieuses de protéger leur marchandise et d'éviter de se retrouver impliquées dans des situations qui pourraient s'avérer inextricables. Mais, en même temps, cela alourdit et complique une activité pouvant - tout autant que les structures hôtelières ou les sites touristiques- contribuer à la relance espérée du tourisme oranais : un habitant de l'Est ou du Sud algérien, désirant louer une voiture pour visiter à loisir la région oranaise, pourrait être découragé par la liste de documents de garantie exigés… et par les tarifs appliqués pour la simple location d'une voiture : un cautionnement de 45 000 à 50 000 DA et des frais journaliers de quelque 3 500 DA, soit, pour une quinzaine de jours, la coquette somme de plus de 52 000 dinars. En espérant toutefois ne pas avoir un accident en cours de route, ce qui compromettrait sérieusement la récupération de la caution en fin de location : «Pour une location de deux semaines, nous pouvons accorder une remise et descendre jusqu'à 3 000 par jour. Ce qui fait un total de 45 000 DA !» propose une agence du quartier de Gambetta en suggérant une des berlines françaises que les concessionnaires offrent à un prix très accessible pendant ce Ramadhan : «Mais pour ce qui est du dossier de garantie, il n'y a pas moyen de transiger. Même un Algérien résidant sur le territoire national est obligé de nous remettre son passeport, une copie du permis de conduire… Nous n'avons pas d'autres moyens de nous prémunir contre de mauvaises surprises.»Alors que le parc automobile algérien s'est enrichi de milliers de nouvelles voitures, que de nombreuses nouvelles agences de location ont vu le jour, que la qualité des infrastructures routières et autoroutières s'améliore chaque jour un peu plus et que l'envie de voyager et de se déplacer s'empare des Algériens, le manque de confiance et la méfiance s'installent pour constituer un blocage (encore un !) aux prémices de la relance économique.