Photo :S. Zoheir Par Badiaa Amarni Le Ramadhan bouscule les habitudes et induit beaucoup de changements dans le comportement des gens mais aussi dans les activités commerciales et de services. Mis à part le commerce des produits de large consommation, fruits, légumes, viandes, pain et même les friandises où les citoyens se bousculent, le reste de l'activité, surtout les services, connaît une nette baisse avec des répercussions négatives sur l'économie nationale. La location de voitures est un exemple édifiant du ralentissement de l'activité en ce mois sacré. Les agences qui proposent ce genre de services sont carrément désertées. Malgré l'arrivée de nombreux émigrés, principaux clients de ces agences, pour passer le Ramadhan en Algérie, des baisses importantes ont été enregistrées. D'ailleurs, beaucoup d'entre elles restent fermées et certaines n'ouvrent que le soir. Si ces agences de location, avec ou sans chauffeur, affichent complet, notamment durant la période estivale en raison de la forte demande, il n'en est pas ainsi pour ce mois de Ramadhan. L'activité en dents de scie Dans une agence située à la rue Hassiba Benbouali à Alger où des Peugeot 206 sont proposées à 3 500 dinars par jour et 20 000 DA de cautionnement, la gérante explique que l'activité est au point mort. «Il n'y a pas beaucoup de monde qui se bouscule au portillon, et je pense que c'est valable pour toutes les autres agences. C'est toujours comme ça durant la première quinzaine du mois de jeûne», poursuit-t-elle. Selon elle, l'activité ne reprendra, comme d'habitude, qu'à l'approche de la fête de l'Aïd El Fitr où les clients sont demandeurs de véhicules pour aller rendre visite à leur famille. Ce que confirme un représentant d'une autre agence au niveau de Staouéli. «Les clients se rendent à l'agence pour louer des véhicules pour pas plus de 24 à 48 heures et parfois même pour quelques heures seulement, histoire de régler certaines affaires pour ce mois», affirme-t-il. Selon lui, «les Algériens n'aiment pas trop bouger en pendant le jeûne». Du coup, l'activité a chuté de 50% au niveau de cette agence qui offre des véhicules neufs. «Je ne travaille qu'avec du neuf pour attirer la clientèle en lui offrant toute la sécurité qu'elle recherche.» Les tarifs vont de 3 500 à 4 500 DA la journée contre une caution de 40 000 DA pour couvrir les véhicules d'une valeur d'environ 1 200 000 DA chacun. Ce sont essentiellement des Nissan Sunny et Nissan Tida qui sont proposées aux clients avec en plus un kilométrage non limité, contrairement à d'autres agences qui le fixe à 320 km par jour. «Je ne limite pas le kilométrage et je ne fais pas de restriction là-dessus, mais je demande souvent à ma clientèle de me restituer le véhicule en l'état.» D'ailleurs le contrat de location signé entre les deux parties le stipule. «L'usure mécanique normale est à la charge de l'agence de location. Toutes les réparations mécaniques provenant soit d'une usure anormale, soit d'une négligence de la part du locataire seront à la charge de celui-ci», lit-on dans le document portant conditions générales de la location au niveau de cette agence. Problème d'assurance Beaucoup d'agences travaillent toujours avec les mêmes clients, étant sûrs qu'ils restitueront la voiture comme elle leur a été remise. Certains nous ont expliqué qu'il est même très rare de louer pour 24 à 48 heures le véhicule sachant à l'avance qu'il sera surexploité avec tout ce qu'il risque de subir comme dégradation.Les agences de location de véhicules souscrivent à des polices d'assurances tous risques et certaines avec un service de dépannage comme c'est le cas pour l'agence de Staouéli. Seulement, selon certaines agences, les sociétés d'assurances n'effectuent pas les remboursements dans les délais requis, et quand elles le font elles ne donnent pas toujours la valeur du véhicule.L'autre contrainte majeure concerne l'état dans lequel le véhicule est restitué. En cas d'accident, d'ailleurs, le client perd le cautionnement, ce qui crée parfois des malentendus et des tensions entre l'agent et le locataire qui n'arrive pas à comprendre la situation d'autant que l'assurance rembourse l'agence. Cette activité, qui a fait son apparition en Algérie il y a quelques années est en plein essor. Des services rapides, des prestations de services 24h/24 et 7j/7… la concurrence est rude et chacun essaye d'arracher une part de ce marché de plus en plus important, et qui intéresse même les étrangers. Pour s'assurer une place sur ce marché, les agences font preuve d'imagination pour fournir des services que les autres n'offrent pas. Certaines agences s'adressent même à des entreprises en leur offrant des services différents, entre autres, la location de voitures pour les déplacements de leurs employés, comme c'est le cas de l'une des agences de Staouéli. Il faut dire que cette profession a été encouragée par la venue chaque année, surtout en été, d'un nombre important d'émigrés qui préfèrent louer un véhicule plutôt que de s'encombrer en le ramenant de l'étranger avec tout ce que cela entraîne comme tracasseries administratives, entre autres, les formalités de dédouanement et les longues attentes pour le faire entrer ou sortir du bateau.