Photo : M. Hacène Par Badiaa Amarni Comme chaque année, à l'approche du Ramadhan, le ministère du Commerce prend des mesures pour rendre disponibles les produits de large consommation et établit un programme de contrôle dans l'objectif de protéger la santé du consommateur qui fait souvent face à la spéculation et à la mauvaise foi de certains commerçants n'hésitant pas à écouler sur le marché des produits impropres à la consommation.En effet, le ministère du Commerce a décidé de recourir à l'importation pour assurer la disponibilité de certains produits alimentaires et stabiliser les prix lors de ce mois sacré. De l'importation pour rendre disponibles les produits Aussi, pas moins de 10 000 tonnes de viandes rouges fraîches, 5 000 tonnes de viandes congelées, 4 000 tonnes de viandes blanches et 30 000 tonnes de poudre de lait, en plus de quantités importantes de légumes secs (lentilles, pois chiches, riz…) seront importées. Pour les légumes secs et le lait, la mission a été confiée aux deux offices interprofessionnels, celui du lait et des céréales (ONIL et OAIC). Ce dernier a été d'ailleurs chargé d'élargir ses activités en procédant à l'importation, au stockage et à la distribution des légumes secs.Pour ce qui est des viandes, le premier lot en provenance de l'Inde sera réceptionné incessamment. Les prix ont été fixés entre 400 et 550 DA le kilogramme. Pour les conditions d'hygiène, une équipe de vétérinaires a été dépêchée sur les lieux pour superviser l'opération et effectuer des contrôles. Des premières licences d'importation ont été délivrées à certains opérateurs. Une stratégie et une coordination pour réguler le marché Une stratégie des pouvoirs publics dans le but de contrer les agissements des spéculateurs lors du mois de Ramadhan est mise en place par le ministère du Commerce, qui a préféré ne pas annoncer les détails mais simplement confirmer qu'elle «va considérablement gêner les spéculateurs».Faut-il noter que la coordination entre le ministère du Commerce et celui de l'Agriculture, qui avait fait défaut dans le passé, commence à faire son chemin à travers la mise en place d'une commission mixte regroupant les représentants des deux départements et ceux des organismes concernés. Le but, à travers cet organe, est d'assurer la régulation du marché par un meilleur approvisionnement des ménages en produits alimentaires sensibles et de large consommation pendant le mois sacré, notamment les viandes, le lait en sachet, les légumes, les fruits frais. Cette coordination sera renforcée et élargie à tous les autres ministères ayant un rapport avec le marché et le circuit de commercialisation.A rappeler que les importations pour le mois de Ramadhan ont été décidées en Conseil interministériel constitué des ministères de l'Agriculture et du Commerce, qui a opté pour de nouvelles mesures de régulation des prix des produits alimentaires de large consommation. Ces mesures ont été dictées par les expériences des années précédentes où la spéculation et la hausse des prix ont atteint des seuils vertigineux, saignant ainsi les citoyens. La principale mesure adoptée lors de ce conseil interministériel consiste à inonder le marché en viandes rouges, en lait et autres produits de large consommation pour contrebalancer les fluctuations ou les manipulations de la loi de l'offre et de la demande et, par là même, faire barrage à la hausse des prix. Le contrôle renforcé Ce conseil interministériel a aussi demandé à la Banque de développement rural (BADR) d'accorder aux organismes chargés des importations des crédits à taux bonifié pour la construction de silos de stockage, la mise à niveau et la réalisation d'abattoirs. Des mesures ont été également prises pour mieux maîtriser les circuits de distribution de tous ces produits. Le ministère du Commerce va, à ce propos, renforcer et réhabiliter les infrastructures commerciales et installer des commissions de wilaya d'urbanisme et d'organisation des activités commerciales. Un nouveau cadre réglementaire sera également élaboré ; il visera à mettre fin aux dérèglements affectant le marché intérieur et induits par l'implantation anarchique des activités commerciales.Pour mieux maîtriser la situation, les agents de contrôle, en congé, ont été rappelés. Un délai leur a été donné par le ministère de tutelle pour rejoindre leur poste le 1er août en prévision du Ramadhan. Pas moins de 7 300 agents seront ainsi mobilisés afin d'effectuer des contrôles au niveau des commerces et des restaurants qui ouvriront leurs portes pendant cette période. Un contrôle renforcé sur les viandes à quelques jours du mois sacré de Ramadhan sera de mise. Le ministère du Commerce a lancé, à travers des placards publicitaires parus dans la presse, des appels aux bouchers et consommateurs en vue de respecter les règles d'hygiène applicables à la commercialisation des denrées alimentaires.Vu la situation du marché algérien, de l'aveu même des hautes autorités du pays, un travail de longue haleine doit être fait pour maîtriser le phénomène de la spéculation. Même le ministre du Commerce reconnaît la complexité de la tâche. En effet, Mustapha Benbada a déclaré lors de l'une de ses sorties médiatiques : «On ne peut pas organiser le marché du jour au lendemain surtout que les dispositions des lois sur la concurrence et les pratiques commerciales arrivent un peu tard par rapport au mois de Ramadhan.»