Photo : M. Hacène Le Centre hospitalo-universitaire d'Oran s'apprête à lancer de nombreuses opérations de réhabilitation de ses infrastructures, dont certaines se trouvent dans un état de délabrement avancé, et la réalisation de plusieurs nouveaux services pour améliorer les prestations médicales. Selon le premier responsable de l'établissement hospitalier, il sera question de la construction d'un nouveau service centralisé des UMC, de la réalisation d'un nouveau service des maladies infectieuses, d'une unité de chirurgie spécialisée (grands brûlés et maladies thoraciques) et d'un service centralisé pour regrouper tous les laboratoires du CHUO. Parallèlement à ces opérations et au titre des réhabilitations, la même source indique que les bâtiments vétustes - et Dieu sait s'il en existe dans cet hôpital de 133 ans - seront démolis pour être reconstruits à neuf. La direction projette également de construire une station d'eau, d'acquérir vingt générateurs d'hémodialyse, une IRM et plusieurs autres équipements médicaux. L'annonce de ces projets est faite alors que les patients n'en peuvent plus de la qualité déplorable des prestations médicales et du manque de matériel, des médicaments et des produits anesthésiques qu'ils sont obligés d'acquérir par leurs propres moyens. Ceci sans parler des conditions d'hospitalisation qui frisent parfois l'inhumain. Une situation que le directeur général attribue aux évacuations excessives, et parfois inutiles, auxquelles recourent des structures sanitaires des autres wilayas de la région : «Comment, dans pareils cas, garantir la sécurité et la qualité des soins ?» s'est interrogé le même responsable en affirmant que ces évacuations génèrent une très forte pression sur les CHUO. Selon les statistiques pour l'année 2009, le service des UMC a enregistré plus de 218 000 consultations, réalisé plus de 6 000 actes opératoires d'urgence et 4 777 hospitalisations. Le laboratoire, lui, a effectué plus de 924 000 analyses et 133 230 actes de radiographie et d'explorations fonctionnelles, alors que le service oncologie a traité près de 5 000 malades à raison de 29 cures par jour. 60 malades ont subi quotidiennement des séances de radiothérapie et 500 autres cancéreux sont sur la liste d'attente. Au-delà de ces chiffres, demeure cependant une réalité amère : celle d'une gestion catastrophique qui dure depuis plus de vingt ans, sans qu'aucun responsable ne pût intervenir de quelque manière que ce soit. Depuis le milieu des années 90, aucun directeur général du CHU d'Oran n'a satisfait les travailleurs et les syndicats, ni réussi à freiner la terrible descente aux enfers de cet établissement. On se souvient du bras de fer qui avait opposé la directrice Remaoune au personnel hospitalier et au conseil scientifique pendant plusieurs mois, au grand dam des malades et des simples travailleurs qui assistaient, impuissants, à la déliquescence de l'hôpital. La directrice a fini par être remplacée, mais les problèmes n'ont pas pour autant été réglés. Tous les directeurs qui ont suivi (une vingtaine environ) ont eu maille à partir avec les syndicats, les professeurs, les maîtres-assistants ou les chefs de service et jamais aucun d'eux n'est parvenu à s'imposer dans un milieu où tout un chacun tente de préserver sa part du gâteau que représentaient les 350 milliards de centimes alloués annuellement (plus important budget accordé à un établissement hospitalier sur le territoire national).Et l'absence de réactions fermes du ministère de la tutelle aidant, l'intérêt du malade (priorité première de tout établissement hospitalier) a été remisé aux oubliettes : prestations de services tardives ou médiocres pour cause de manque de moyens, conditions d'hébergement catastrophiques et succession de scandales qui vont des vols de denrées alimentaires, matériel ou médicaments, au détournement de bébés qui ont fait l'objet de procès médiatisés, mais sans grandes conséquences sur le fonctionnement de l'hôpital, si ce n'est ternir une réputation que certains praticiens intègres avaient, à un moment donné, bâtie.