Le Directeur général du CHU d'Oran, M. Abdelkader Beghdous, a souligné, jeudi, la forte pression qu'enregistre son établissement en matière de prises en charge médicales et ses conséquences sur la qualité des soins prodigués aux malades venant de toutes les wilayas de l'Ouest du pays. Le responsable du CHUO a brossé, au cours d'une conférence de presse tenue à Oran, un tableau exhaustif de la situation que connaît cet établissement, construit en 1877, vers lequel convergent pratiquement les malades de toute la région de l'Ouest. Statistiques à l'appui, M. Beghdous a relevé que tous les services du CHUO enregistrent une surexploitation de leurs moyens aussi bien matériels qu'humains, situation engendrant trop souvent des incompréhensions et des tensions entre le corps médical, les malades et leurs accompagnateurs. Citant le cas des UMC (Urgences médico-chirugicales), il a indiqué que cette structure a assuré en 2009, 218.244 consultations, soit une moyenne de 600 quotidiennement, 6.028 actes opératoires, soit 16 par jour, et quelque 4.777 admissions, soit 13 hospitalisations par jour. La même pression est exercée sur les autres services, ce qui se répercute directement sur la qualité des soins assurés et la prise en charge des malades, selon lui. En 2009, 1341 cancéreux ont suivi des séances de radiothérapie, soit une moyenne quotidienne de 60 malades recevant des soins sur l'un des deux équipements opérationnels au CHUO. "Nous disposons d'une liste de 500 malades qui attendent leur programmation. Avec la réalisation des centres anticancéreux de Sidi Bel-Abbès, Tlemcen et Béchar, nous réduirons, dans les prochaines années, la pression sur notre service et pourrons améliorer la qualité de la prise en charge de nos malades", a assuré le DG du CHUO. M. Beghdous s'est plaint de "la facilité" dont font preuve les responsables des différents hôpitaux de l'Ouest du pays en orientant systématiquement leurs malades vers le CHU d'Oran. "Les évacuations vers Oran se font trop souvent pour des motifs invraisemblables comme le manque de produits pharmaceutiques, l'absence de la garde médicale. L'hôpital d'Aïn Témouchent qui dispose de 5 cardiologues, évacue tous les malades souffrant de problèmes cardiaques vers Oran qui ne dispose que de 3 spécialistes en la matière", a-t-il expliqué. Le responsable du CHUO, nommé à ce poste il y a juste quatre mois, a annoncé de nombreuses mesures pour améliorer la qualité des prestations médicales. Les efforts sont concentrés sur les UMC, service qui dispose actuellement de deux scanners, d'un échographe, d'un écho-doppler, d'un fibroscope et d'automates d'analyses médicales. "Notre souci est de réunir tous les moyens en un même lieu pour éviter tout déplacement du malade vers d'autres services. Tous ces équipements s'avèrent insuffisants au vu du grand nombre de malades sollicitant ce service", a-t-il dit. Pour le DG du CHUO, la solution réside dans la réalisation du nouveau service des UMC, projet inscrit par la wilaya devant regrouper toutes les spécialités. "La réalisation de ce projet nécessitera un budget d'un montant de 1,5 milliard de dinars. Le concours de sa conception architecturale sera lancé incessamment", a-t-il indiqué. D'autres projets ont été cités par le même responsable comme la réalisation d'un service des maladies infectieuses d'un coût de 20 millions de dinars, d'une infrastructure destinée à la chirurgie spécialisée (grands brûlés, l'urologie, les maladies thoraciques), l'acquisition de 20 générateurs d'hémodialyse, la construction d'une station d'eau, le remplacement de la literie existante et bien d'autres actions nécessaires à la réhabilitation de cet établissement hospitalier. Certaines d'entre-elles sont inscrites au titre du plan quinquennal (2009-2014). M. Beghdous a également souligné l'insuffisance des budgets alloués à son établissement. "Nous bénéficions d'un budget de fonctionnement annuel de 2 milliards de dinars alors que nos besoins sont estimés à 3 milliards de dinars et nos dépenses pour l'acquisition des médicaments destinés aux cancéreux sont de l'ordre de 900 milliards de dinars", a-t-il déploré. Il a également parlé des efforts déployés pour "humaniser" les différents services et enrayer "les points noirs" qui font la mauvaise réputation de l'hôpital d'Oran. "Nous allons former annuellement, à notre niveau, 120 infirmiers pour répondre à nos propres besoins. 12 psychologues seront recrutés cette année. Nos agents de sécurité bénéficieront d'une formation adéquate. Nous allons intensifier les actions de communication en direction des citoyens en général afin de susciter leur adhésion et leur collaboration dans nos efforts d'amélioration de la qualité de nos prestations", a-t-il encore expliqué. Il a appelé à "l'implication" des autres structures sanitaires, comme l'Etablissement hospitalo-universitaire (EHU) "1er novembre 1954", dans la prise en charge de la forte demande en matière de soins. Pour lui, "une dynamique d'ensemble" impliquant tous les intervenants est nécessaire pour assurer au citoyen la qualité de soins dont il a besoin et à laquelle il aspire.