Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab Tous ceux qui sont branchés sur les chaînes de télévision françaises - une bonne majorité des Algériens - ont eu à voir un jour ou l'autre le présentateur du JT clôturer l'édition par la présentation des sorties de films. En lisant la presse étrangère ou en surfant sur le web, on peut aussi avoir un aperçu sur les livres qui constitueront la rentrée littéraire des grandes maisons d'édition. Idem pour le théâtre, la danse ou la musique. Il suffirait de s'adresser à l'administration d'un théâtre ou d'une salle de spectacle ou même simplement visiter leurs sites Internet pour avoir un planning des représentations et spectacles programmés.Revenus à la réalité, on se surprend à rêver qu'on ait la même chose ici.En théorie, rien ne s'y oppose. Il y a le potentiel artistique, le produit brut qui, pris en charge, pourrait alimenter la scène culturelle et constituer donc une esquisse de programme que compléteront les rendez-vous fixes que sont les festivals (nous en avons un paquet), même si leur qualité laisse à désirer. Musiciens, comédiens, danseurs, cinéastes, plasticiens, poètes, auteurs ne demandent qu'à aller au devant du public et avoir la chance de le distraire et de le conquérir. Mais ces artistes, seuls, ne peuvent faire grand-chose. Très souvent, un créateur n'entend rien à l'administration, l'organisation, la gestion, les montages financiers, les contrats, les cachets, la promotion, la publicité et toutes ces choses sans lesquelles une création artistique ne deviendra jamais un produit consommable. Les artistes ont besoin d'être managés, accompagnés et encadrés.Toujours en théorie, il existe des directions de la culture dans toutes les wilayas, des théâtres dans les grandes villes, des salles de spectacle ou ce qui pourrait faire office, des maisons d'édition et suffisamment d'argent pour faire tourner tout ça.Dans la réalité, en pratique, ces organismes fonctionnent pour la plupart comme de véritables administrations. On les dirige sans le moindre trait de génie ni la moindre lueur d'imagination. Souvent, on se contente juste d'honorer les rendez-vous et dates fixés par le calendrier officiel, et les vides seront comblés avec ce qui tombera sous la main ou les artistes pas trop chers ni dérangeants ou gênants, politiquement corrects et administrativement rentables. En un mot, on fait tourner la baraque de manière à pouvoir remplir les bilans qu'on doit produire et éviter l'inertie qui pourrait déclencher le siège éjectable du poste de responsabilité.En somme, nous avons l'essentiel pour avoir une vie culturelle foisonnante, avec une rentrée, des programmes de vacances, de formations et d'initiations… Ne manque plus que les hommes qui sauraient exploiter tout ce potentiel créatif et artistique, en faisant preuve de volonté d'abord et d'imagination ensuite.