De notre correspondant à Constantine A. Lemili Kamel Madani, le P-DG du MO Constantine, n'est pas inquiet face au risque de flop financier que pourrait rencontrer l'organisation du gala monté par l'association avec, en vedette, le roi du raï, en l'occurrence Khaled. Flop financier dans la mesure où les Constantinois devront payer rubis sur l'ongle 1 200 dinars pour accéder aux gradins et tribunes du stade du 17 Juin. Or, il est de notoriété publique que la jeunesse de la ville des Ponts est exposée à un chômage endémique pour ne pas dire à une pauvreté réelle, à un problème de transport inextricable -ce qui est déjà de nature à contrarier le déplacement de la majorité de cette jeunesse résidant dans les villes satellites-, à une insécurité nocturne notoire et particulièrement à une désaffection quasi générale des gens pour les activités culturelles, exception faite des manifestations musicales gratuites et dans le pire des cas au coût d'accès modeste. Il s'en trouvera certainement qui feront l'impasse sur bien des priorités pour assister au spectacle, certainement les jeunes filles, voire les familles. Mais il ne s'agira en fait que de la jeunesse dorée et/ou de familles nanties. Kamel Madani, de qui nous nous sommes rapprochés au cours de l'après-midi de lundi dernier, fait abstraction de tout cela, bien entendu, et c'est légitime dans la mesure où la grand-messe que le MOC organise le 7 septembre devrait contribuer à sortir la ville de sa torpeur, donner un coup de fouet à un club qui, ces dix dernières années, en est arrivé presque à être menacé d'extinction. Il pourra s'agir aussi d'un bon test pour la nouvelle société sportive par actions qui va se redéployer plus dans les affaires que dans la prise en charge d'un club sportif, lequel, aux yeux des associés, ne constitue que la vitrine de la puissante machine commerciale qu'ils envisagent de conduire à maturation dans les cinq années à venir. C'est donc plutôt une opération de marketing sous-tendue par une action visant à redonner du prestige au Mouloudia. Quoi qu'il en soit, pour Madani, il semblerait que même le risque d'une perte sèche ne se pose pas. «Nous allons mettre en circulation 25 000 billets au prix de 1 200 DA. D'une manière arbitraire, je pourrais vous dire que l'organisation devrait nous coûter au bas mot 10 millions de dinars dont 60% représentent le cachet de la vedette (6 M de DA). Il y aussi les vacations de 1 000 agents de l'ordre, des personnels aux entrées, des hôtesses éventuellement, etc.»Les familles seront installées dans la tribune dite des «Clubistes», le reste du public sur l'ensemble du stade, les invités dans la tribune d'honneur et les VIP sur la piste d'athlétisme, donc à proximité de la scène. Un spécialiste de l'organisation des spectacles en Europe que nous avons rencontré a, toutefois, émis des réserves sur un tel choix, considérant que «Khaled est un chanteur qui fait bouger et qui se démultiplie sur scène s'il y a du répondant chez les fans. Vous savez, je vois mal des gens engoncés dans leur tenue d'apparat et, dans ce cas de figure, ce devrait être des cadres de l'exécutif avec leurs proches, les représentants des différents corps constitués et alors vous n'êtes pas sans savoir que tout ce beau monde ne risquera jamais de se déhancher, voire d'applaudir bruyamment, siffler comme le font les accros aux concerts». Une réalité qui ne peut souffrir aucun argument contraire. D'autant plus que notre interlocuteur enchaînera : «Vous me dites que les fans vont se trouver dans les tribunes et gradins, installés sur des sièges en bakélite… Alors je peux vous prédire une chose… Bonjour les dégâts, les lieux vont être dégarnis en moins de deux. Et ce que pourra gagner le MOC, il le laissera pour rembourser les sièges endommagés. En outre, organiser un concert aux deux derniers jours de Ramadhan est quelque peu osé par rapport à l'affluence. Les gens ont plutôt d'autres préoccupations à deux jours de l'Aïd.» Autre risque de couac, la sonorisation. Khaled est un artiste qui s'est produit sur les plus grandes scènes du globe et aussi des scènes préparées souvent une dizaine de jours à l'avance par des spécialistes en tous genres qui règlent au micron près tous les détails. Or, à cinq jours du concert du King, cet élément essentiel n'est pas encore disponible. Explications auprès de K. Madani : «C'est sérieux quand vous évoquez la sonorisation et c'est le nœud gordien pour moi, mais j'espère le régler dans la mesure où nous avons pris contact avec une boîte sétifienne spécialisée. Ce genre d'équipement existe à Constantine mais il est la propriété de trois boîtes différentes et leurs responsables ne sont pas parvenus à s'entendre pour nous en assurer la prestation.» Quant au problème des resquilleurs, il soulignera : «Nous avons pris nos précautions, ce sont des billets infalsifiables conçus à la façon du papier monnaie. Il s'y trouve un filament de sécurité impossible à reproduire.» Des séances de travail réunissent les représentants du MOC, des services de sécurité, de l'administration communale et de wilaya et une simulation de l'événement a été prévue au cours de la rencontre amicale contre l'USM Annaba que devait disputer le MOC dans la nuit de jeudi dernier.En tout état de cause, si le MOC réussisaitt son challenge, il serait parti pour apporter la preuve de ses capacités organisationnelles et couperait court quelque part aux procès d'intention faits ici et là sur l'inaptitude des dirigeants du football national à passer de l'amateurisme au professionnalisme.