Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Lors d'une de ses visites dans la wilaya de Constantine, le président de la République devait inaugurer la salle omnisports du Khroub. L'opération a été annulée et la halte rayée de la liste du parcours remis à la presse. Une annulation de dernière minute accompagnée d'une double version comme argumentaire. La première étant que le service protocolaire du Président ayant remarqué que la salle n'était pas du tout prête, l'inauguration par Abdelaziz Bouteflika allait conduire à une carambouille qui ne disait pas son nom et qui se confirmera cinq années plus tard. La seconde serait que les responsables locaux ont réalisé que l'inauguration prêtait à risque et par voie de conséquence laissait présager un évident et logique coup de gueule du président de la République. Donc, un mauvais quart d'heure pour eux et une suite de carrières compromises. Ce qui expliquerait la remise sine die de l'affaire.Sine die, jamais rendez-vous n'aura été renvoyé avec une telle «précision» ou imprécision… C'est à l'avenant puisque près d'une demi-décennie plus tard, la salle n'est toujours pas fonctionnelle malgré l'engagement, voire le défi relevé par le directeur technique de l'APC du Khroub au cours d'un direct de la radio régionale d'en ouvrir les portes le «5 juillet». A l'occasion évidement de la fête de l'indépendance et de la jeunesse, rendez-vous idéal pour faire avaler des couleuvres aux populations et maquiller tous les vices de réalisation d'un ouvrage donné. S. Hemaïzia, le président d'APC de la ville du Khroub, quoique gêné aux entournures, et pouvait-il en être autrement face à la réalité, rebondira quand même et ira jusqu'à soutenir en réponse à nos questions «qu'effectivement, la salle est prête et elle peut même accueillir la compétition». Oui mais alors pourquoi n'a-t-elle pas été ouverte ? Sibylline réponse du premier édile : «Son environnement immédiat est hostile». Autrement dit, c'est comme si on avait fait pousser des roses dans une décharge d'immondices. Effectivement, l'environnement est hostile, très hostile même sauf qu'il faudrait s'interroger quand même sur le fait que depuis près de dix ans, il n'ait pas été tenu compte de tout ça. Dix ans pour réaliser une salle omnisports mériterait de figurer dans le livre des records, comme mériterait de figurer dans un grimoire de l'étrange, le coût réel de ladite salle. Il n'existe pas de chiffres précis, la réponse toujours à une de nos questions au maire est : «Depuis que nous l'avons prise en charge, nous pouvons vous assurer que son coût est dérisoire». Il est vite relayé par un de ses collaborateurs : «Nous pouvons même vous assurer qu'elle a été réalisée pour rien compte tenu de la majesté des installations intérieures». Rien, on aimerait bien le croire sauf que selon le maire : «En prenant la suite, nous avons fait un appel de fonds à la wilaya qui a dégagé une enveloppe budgétaire de 60 millions de dinars, nous en prévoyons encore vingt de plus pour l'aménagement extérieur». Donc 80 millions de dinars sans qu'il n'y ait d'idée précise sur ce qu'a déjà englouti le projet. Belle démonstration par l'absurde de la conduite des affaires publiques et de l'argent des contribuables. Enfin, pour en revenir au non-respect de la livraison de la salle à la date du 5 juillet, S. Hemaïzia l'imputera aux entrepreneurs qui se désistent à chaque fois après avoir constaté qu'ils ne pourront jamais amortir leur investissement et de préciser malgré tout : «Comme vous le voyez, je suis en train de signer le marché avec un entrepreneur, lequel je suis persuadé ne va pas se désister». Effectivement, notre interlocuteur, aidé d'un agent qui apposait les cachets de l'administration au fur et à mesure, était en pleine séance de signature du marché en question. Et dans tout cela à quelle date pourra être livrée, voire délivrée la salle omnisports ? Réponse du tac au tac du maire : «Au plus tard au mois de novembre» encore une fois repris par un collaborateur, apparemment un élu : «Jamais de la vie, ça ira jusqu'à février 2011». Un autre retard de presqu'une année additionné à une demi-décennie de retard déjà, il n'y a que dans la wilaya de Constantine que cela arrive. Un peu comme le parking à étages, le relogement des habitants des bidonvilles, la livraison d'une virtuelle maison de la presse, le tramway, etc…