Ballet de chefs d'Etat du Proche-Orient chez le président américain. Le bal a été ouvert mardi dernier par le roi Abdallah II de Jordanie. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, serait le deuxième invité à la Maison-Blanche, le 28 mai. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et le président égyptien, Hosni Moubarak, devraient être reçus à leur tour début juin. Savamment orchestré, le défilé de dirigeants de la région donne une idée des priorités du nouveau chef de l'exécutif américain. Premier signe fort : Obama fait savoir qu'il a commencé à s'impliquer personnellement dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Qu'il a pris à bras le corps le dossier. Et pour marquer les esprits, il reçoit les Palestiniens avant les Israéliens, alors que ses prédécesseurs ont d'abord ouvert leurs bras aux dirigeants israéliens. La série de rencontres en tête-à-tête avec les principaux concernés par le conflit israélo-palestinien intervient après la dernière tournée, du Maghreb au Proche-Orient, de son émissaire George Mitchell, un ambassadeur dont la mère est d'origine libanaise et qui n'a jamais été un inconditionnel d'Israël. Le roi Abdallah II de Jordanie, le premier chef d'Etat arabe reçu par Obama, est considéré par Washington comme un fidèle allié des Etats-unis, une palme qu'il partage avec Moubarak d'Egypte. La Jordanie et l'Egypte sont les deux pays arabes à avoir signé un “traité de paix” avec Israël. Le président américain a renouvelé au souverain hachémite ses assurances sur la priorité qu'il entendait accorder à la résolution du conflit et son engagement en faveur de la création d'un Etat palestinien. Il en fera de même avec ses autres interlocuteurs. Mais il devra faire plus avec Netanyahu dont on retient qu'il a fait machine arrière, du moins en paroles, en ce qui concerne son refus de voir s'établir à côté d'Israël, un Etat Palestinien. Le Premier ministre israélien se dit aujourd'hui prêt à reprendre les négociations avec le président Mahmoud Abbas, lui qui, hier encore, vouait aux gémonies l'idée même de l'autonomie palestinienne. Netanyahu a probablement cédé devant des pressions de Washington. Le Premier ministre israélien n'a jamais, ni pendant sa campagne électorale ni depuis son investiture le 31 mars, prononcé les mots d'Etat palestinien ! Obama a appelé toutes les parties à faire des “gestes de bonne volonté”. “Je ne veux pas entrer dans les détails de ce que pourraient être ces gestes, mais je pense que les parties de la région savent probablement assez bien quelles mesures pourraient être prises pour établir la confiance”, a-t-il déclaré après son entretien avec Abdallah II. “Je suis d'accord avec le fait qu'on ne peut pas parler indéfiniment, et qu'à un moment donné, des mesures concrètes doivent être prises. Et c'est ce que nous espérons voir dans les prochains mois”, a même présagé le président américain. Et il est clair que dans ce marchandage, Mahmoud Abbas en a largement donné sans pour autant être payé en retour par les Occidentaux : les Palestiniens n'ont pas obtenu de moindres concessions significatives d'Israël, pas même le gel de la colonisation ou la libération de prisonniers, rien. Le président égyptien qui ne cesse de se replacer dans le dossier israélo-palestinien vient de donner des gages de bonne volonté à son allié américain en prenant des mesures sérieuses contre la contrebande d'armes vers Gaza, en démantelant un réseau du Hezbollah en Egypte et en s'impliquant dans les négociations en vue de la réconciliation interpalestinienne, a invité Netanyahu à se rendre au Caire. Une invitation similaire a été adressée à l'anti-arabe notoire, Avigdor Lieberman, ministre israélien des AE, qui répète que son pays n'était pas lié par la conférence d'Annapolis de 2007 et qu'il rejetait également l'initiative de paix arabe de 2002, examinée pourtant avec intérêt par George Mitchell. Un rapport sévère pour Israël a, d'autre part, été remis à Hillary Clinton par le général américain Paul Selva, conseiller militaire du département d'Etat chargé du suivi de la Feuille de route. Jusqu'où ira alors Obama dans ses pressions contre Israël ? À voir.