Il ne fait pas de doute que la paix entre les Israéliens et ses voisins arabes dépend uniquement d'Israël. Quelle paix veut Israël? Celle négociée entre deux antagonistes s'étant combattus, mais prêts à accepter ses contraintes, et à se respecter, ou celle cherchant à imposer une paix qui soit «israélienne», aux détriments de l'autre partie? Cette paix donnera sans doute aux Israéliens quelques mois, voire quelques années de répit - ce qui, de fait, est le cas depuis 55 ans et la création en mai 1948 de l'Etat hébreu - mais ce ne sera pas la paix, mais un palliatif obtenu grâce à la supériorité militaire d'Israël. Alors, les Israéliens ont-ils fini par tirer les leçons de ces années d'échecs à imposer «leur paix»? Rien n'en donne l'impression en fait, eu égard aux déclarations des principaux responsables israéliens. Toutefois, il faut relever quelques indices qui disent, néanmoins, que même les Israéliens ont peut-être fini par comprendre qu'il leur faut, à leur tour, lâcher du lest, d'autant plus que ces derniers mois les pressions internationales s'exerçaient sur les seuls Palestiniens, dont pourtant les territoires sont occupés, et les populations brimées. Depuis la publication de la feuille de route, un semblant d'éclaircie, qui reste cependant à confirmer, détend quelque peu l'atmosphère autour du dossier proche-oriental. Changeant subitement de ton, le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, veut superviser directement les discussions avec son homologue palestinien Mahmoud Abbas Abou Mazen. La radio publique israélienne avait indiqué, lundi, que Sharon a déclaré, lors de la réunion de son cabinet, son projet de «chapeauter personnellement, en consultation avec les ministres, les négociations», envisageant de rencontrer Abou Mazen. Ce sera la première rencontre entre les deux hommes depuis la nomination de Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre. Cependant, selon des sources, notamment israéliennes, les deux responsables qui se seraient déjà rencontrés - en secret - à plusieurs reprises, ces derniers mois, ont ainsi gardé le contact, d'où la possibilité pour eux d'entrer directement dans le vif du sujet, d'autant que Abou Mazen n'a pas caché, pour sa part, sa disponibilité à s'entretenir avec le chef du gouvernement israélien. Pour les Palestiniens, certes, mais aussi pour les Israéliens, la nouvelle situation induite par la guerre contre l'Irak, et ses retombées immédiates, ne permettent plus d'échappatoire, les uns et les autres devant prendre leur entière responsabilité face à cette donne. Il y a un fait patent toutefois, la violence dans les territoires occupés est en relation directe avec l'occupation. C'est donc le comment mettre un terme à cette occupation qui induira la fin de la violence. C'est du moins l'impression que semble donner le quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) qui mit au point la feuille de route. Reste sans doute, pour les antagonistes israéliens et palestiniens, à dépasser leurs suspicions pour s'attaquer franchement à tous les obstacles qui empêchent la construction de la paix au Proche-Orient. Dans ce contexte d'accalmie, on note une certaine ouverture du chef du gouvernement israélien qui indiquait, lundi, sa disposition à discuter sans préalable avec les Syriens pour apurer leur lourd contentieux. De fait, Sharon a indiqué hier, selon la radio publique, avoir reçu des «messages» laissant présager «les contacts» que la Syrie «souhaiterait nouer avec Israël». Du côté de Damas, hier, c'était le silence radio. Cela bouge-t-il au Proche-Orient? Il est sans doute trop tôt pour l'affirmer, mais il reste qu'une paix se négocie à deux et dans l'intérêt des deux parties. De ce point de vue, la balle est toujours dans le camps israélien.